Témoignage "Beaucoup de mes amis manquent à l'appel" : les larmes et l'incompréhension des survivants de l'attaque du Hamas lors d'une rave party dans le désert

Dans son attaque sur le territoire israélien, le Hamas a notamment visé un festival qui se tenait à proximité de la bande de Gaza. À l'hôpital de Be'er Sheva, les proches des victimes de cette rave party sont désespérés et dans l'attente de nouvelles des personnes portées disparues.
Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les conséquences de l'attaque du festival de musique attaqué par le Hamas, dans le sud d'Israël, le 8 octobre. (SOUTH FIRST RESPONDERS / AFP)

L'offensive du Hamas a sidéré la population israélienne. Elle est aujourd'hui traumatisée par ces images d'enlèvements et d'assassinats qui se sont multipliés sur les écrans et les réseaux sociaux. Le Hamas a notamment attaqué le site du festival "Tribe of Nova", qui se tenait dans le désert, où des centaines de jeunes s'étaient réunies pour danser sur de la musique techno, à une demi-heure de la frontière entre Gaza et Israël. Samedi 7 octobre, 250 personnes ont ainsi été tuées dans cette rave party. "Ils ont massacré les gens de sang-froid d'une façon absolument inconcevable", témoigne Moti Bukjin, le porte-parole de l'ONG Zaka, qui a participé à la collecte des corps. 

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À l'entrée de l'hôpital de Beer-Sheva, le plus grand hôpital à proximité de la zone de massacre, nous avons rencontré Hadar. La jeune fille en pleurs s'est assise quelques minutes. Elle réajuste ses lunettes, reprend son souffle et raconte ne pas avoir de nouvelles de nombreux amis : "Il y a une fille, ils l'ont tuée... Ils ont mis son corps dans un camion. Ils ont pris des photos et des vidéos d'elle. On l'a reconnu grâce à ses tatouages. Beaucoup de mes amis manquent à l'appel et on ne sait pas ce qui se passe. Des gens ont été kidnappés à Gaza et on ne sait pas qui."

"Il n'y a plus de morale maintenant"

Les amis d'Hadar font partie d'une jeunesse dorée et noctambule. Beaucoup se sont connus lors d'autres fêtes ou séjours organisés en Inde sur les plages de Goa. Des idéalistes ouverts d'esprit qui, depuis le traumatisme de samedi, n'arrivent plus à éprouver d'empathie pour les civils de Gaza. "C'est difficile parce que j'aspire à être la personne que je veux être, qui aime tout le monde, mais j'ai peur, confie Hadar. Après ce qu'ils ont fait à nos civils, à nos enfants, à nos amis, on ne peut pas penser à leurs enfants. On ne peut pas penser à ça maintenant. On doit penser à maintenir Israël en sécurité. Sinon, je ne sais pas où aller. Je veux que les civils de Gaza essaient de s'échapper quelque part n'importe où. Je m'en fiche en Turquie, je ne sais pas. Il n'y a plus de morale maintenant. Tu as vu ce qu'il s'est passé ?"

Les recherches pour retrouver les disparus sont toujours en cours. Les autorités israéliennes doivent prendre contact avec les familles dans les 36 heures. Il y a encore pour ces familles trois possibilités. La première, et il s'agit du meilleur scénario, c'est que la victime soit blessée et inconsciente. Les proches sont alors invités à se rendre dans les hôpitaux. La seconde, c'est que la personne soit morte, que son corps a été ramassé par un service spécialisé israélien pour identifier les cadavres. La police demande alors aux familles de disparus de se rendre dans les commissariats pour déposer un objet personnel. L'objectif est de prélever de l'ADN et pouvoir identifier ensuite le corps. Et puis la troisième, c'est que la victime ait été enlevée et soit désormais captive dans la bande de Gaza. Des familles ont déjà reconnu un fils ou une fille sur des vidéos postées sur les réseaux sociaux, et ces familles se sont constituées en collectif.

Selon l'armée israélienne, plus de 900 Israéliens ont été tués depuis le début de l'offensive, samedi. Le ministère israélien de la Santé a également fait état de 2 616 blessés.  

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