: Témoignages Guerre entre Israël et le Hamas : "Aujourd'hui, il n'y a plus d'hôpital fonctionnel à Rafah", s'inquiètent des humanitaires
Malgré la pression internationale, Israël pousse son offensive au cœur de Rafah. Les chars israéliens poursuivaient mercredi 29 mai leur progression entamée la veille au cœur de cette ville du sud de la bande de Gaza, où de nombreux déplacés ont trouvé refuge, malgré l'arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) qui a ordonné la fin des opérations militaires. Des témoins font aujourd'hui état d'une progression vers l'ouest de la ville.
Ce qui n'était au départ qu'une "opération limitée", selon le gouvernement israélien, se transforme en une avancée massive. D'après plusieurs témoins, l'offensive de Tsahal s'est intensifiée en début de semaine et a ainsi très sensiblement progressé en direction de la mer. "Des zones que l'armée israélienne demande d'évacuer s'étendent de plus en plus et les combats se rapprochent de plus en plus d'est vers l'ouest. La zone géographique s'étend vers l'ouest", décrit Philippe Bonnet, directeur des urgences à Solidarités internationale, qui est entré la semaine dernière dans la bande de Gaza.
"On fait tout ce qu'on peut"
Cette avancée des blindés israéliens a été précédée par des bombardements et des tirs d'artillerie. Le danger s'entend désormais sur toute la ville de Rafah. Les deux derniers hôpitaux à l'ouest ont été évacués, précise Guillemette Thomas, coordinatrice médicale de Médecins sans frontière depuis Jérusalem : "Depuis 48 heures, ce sont un centre de stabilisation et puis le dernier hôpital de Rafah, l'Emirati Hospital, qui, aujourd'hui sont complètement hors service. En pratique, aujourd'hui, il n'y a plus d'hôpital fonctionnel à Rafah. Seuls les hôpitaux de campagne dans la zone humanitaire sont en capacité d'accueillir des blessés."
Cette avancée a provoqué un mouvement de panique : autour d'un million de personnes a déjà fui la ville. Il y a un effet "vase communicant" avec la ville de Deir el-Balah, plus au nord, où est installée l'équipe de Philipe Bonnet : "On fait tout ce qu'on peut. On a encore un petit peu des stocks, mais ce n’est pas assez..."
"On va se retrouver dans la situation dans laquelle on était à Rafah, il y a encore quelques semaines. Une situation qui est extrêmement difficile à vivre, avec peu d'eau, peu de nourriture..."
Philippe Bonnet, directeur des urgences à Solidarités internationaleà franceinfo
Cette avancée massive à bas bruit complique aussi l'entrée de l'aide humanitaire. Les ONG entrent au compte-goutte, deux fois par semaine depuis le poste de Kerem Shalom. "On doit traverser une ligne de front. On entend bien les bruits des combats. Donc il y a des convois qui sont organisés avec des voitures blindées des Nations Unies, qui sont en contact avec l'armée israélienne, qui nous donne des green lines pour pouvoir passer quand les combats, les bombardements vont s'arrêter." D'après les Israéliens, quatre brigades ont été mobilisées pour cette nouvelle opération.
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