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Visite de Ben Gvir sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem : le ministre de la Sécurité nationale est "un fauteur de troubles", estime l'historien Vincent Lemire

À peine nommé, le ministre israélien d'extrême droite Itamar Ben Gvir, s'est rendu tôt mardi sur l'esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est. Son initiative est perçue comme une provocation par les Palestiniens. Ce lieu saint est au coeur des tensions israélo-palestiniennes.
Article rédigé par franceinfo
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Le ministre israélien d'extrême-droite Ben-Gvir (au centre) traversant l'esplanade des Mosquées, le 3 janvier 2023. (Minhelet Har-Habait (Temple Mount Administration) / AFP)

Le nouveau ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir est "un fauteur de troubles", estime l'historien spécialiste de Jérusalem Vincent Lemire. Invité de franceinfo mardi 3 janvier, il s'exprime après la visite controversée de Ben Gvir sur l'esplanade des Mosquées, le troisième lieu saint de l'islam.

franceinfo : Quel est l'intérêt d'Itamar Ben Gvir de jouer ainsi avec le feu, avec les symboles ?

Vincent Lemire : Quand Ben Gvir dit qu'il veut judaïser l'esplanade des Mosquées, il a un agenda politique. Ce n'est pas seulement un agitateur. Il était entouré lors de cette visite par des activistes du troisième Temple qui veulent détruire la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher. Mais cette visite, c'est la partie émergée de l'iceberg. Il y a désormais pratiquement 50 000 fidèles juifs qui montent tous les ans sur l'esplanade des Mosquées, alors qu'on estime qu'ils étaient à peu près 2 000 il y a une dizaine d'années. Il y a donc une montée en puissance de ce mouvement, et Ben Gvir l'accompagne de façon relativement habile, puisqu'il a réussi à cocher la case visite sur l'esplanade en faisant croire à un report de plusieurs jours ou plusieurs semaines. Donc il n'a pas laissé s'installer la mobilisation et la tension autour de cet événement. Il en a fait un non-événement.

En résumé il ne fait qu'appliquer sa doctrine d'extrême droite, malgré les réticences de Tsahal, l'armée israélienne, qui assure que ces idées peuvent entraîner une guerre civile ?

Oui. Et d'un point de vue israélien, cette tentative de judaïser l'esplanade des Mosquées est absolument incohérente : en juin 1967, juste après la guerre des Six Jours, le gouvernement israélien et l'armée ont décidé de raser le quartier maghrébin de Jérusalem, qui se trouve au pied du mur occidental, très précisément pour éviter ce qui est en train d'arriver. C'est-à-dire que la décision a été de créer une esplanade spécifiquement dévolue à la prière juive devant le mur occidental, précisément pour éviter des affrontements sur l'esplanade des Mosquées.

Une réaction palestinienne violente est donc inévitable ?

L'esplanade des Mosquées est le lieu que les jeunes Palestiniens de Jérusalem ne peuvent pas perdre pour des raisons symboliques, pour des raisons religieuses, et pour des raisons politiques. Et le ramadan va arriver dans quelques semaines [du 22 mars au 21 avril 2023]. Ce sera un moment qu'il faudra scruter parce qu'a priori, il y aura des affrontements. C'est absolument inévitable avec le gouvernement en place et ce nouveau ministre de la Sécurité nationale qui est lui-même, d'une certaine manière, un fauteur de troubles.

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