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Mort du général Soleimani : à Beyrouth, la colère chez les sympathisants du Hezbollah et l'inquiétude

Au Liban, le chef du Hezbollah a appelé au "juste châtiment" des "assassins criminels" après la mort du général Soleimani, tué dans un raid américain vendredi. Toute la région est en alerte face au risque de représailles de l’Iran et de ses milices alliées.

Article rédigé par Aurélien Colly - Edité par Camille Descroix
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
A Ghazieh, au Liban, des membres du Hezbollah font une prière en hommage au général Soleimani, commandant de la Force Qods des Gardiens de la Révolution, tué dans un raid américain en Irak, vendredi 3 janvier 2020. (MAHMOUD ZAYYAT / AFP)

Depuis la mort du général Qassem Souleimani, tué dans un raid américain à Bagdad, en Irak, la tension est forte dans la région. Au Liban, l’influence iranienne passe par le Hezbollah, à la fois milice et parti politique qui domine la communauté chiite libanaise. Son chef, qui était un proche du général Souleimani, a appelé à la vengeance. Les États-Unis, ainsi que la France, ont appelé leurs ressortissants à la prudence.

Un chef respecté au Liban

Assis dans sa boutique, en train de boire un thé, Hassan suit les réactions à la mort du général sur la chaîne de télévision du Hezbollah. "Bien sûr qu'il était respecté parce qu'il nous aidait, nous les Libanais, face au danger israélien", commente le commerçant, en référence au rôle du général iranien pour coordonner l'aide militaire de Téhéran au Hezbollah libanais.

On s'attend à des représailles de taille et c'est normal. Si on ne répond pas aux Américains, ils se croient tout permis. Il faut leur répondre.

Hassan, un commerçant

Un désir de vengeance que l'on retrouve aussi chez Zaina, croisée un peu plus loin : "C'était un grand chef. On regrette sa perte. On est en colère et il faut une réponse forte de l'Iran, à la hauteur du personnage", explique cette mère de famille. Un personnage discret mais la clef de voûte de l'influence iranienne dans toute la région, ici au Liban, en Irak où il a été tué, ou encore en Syrie où le général Souleimani a supervisé le soutien militaire au régime de Bachar al-Assad.

"On a peur pour le futur de nos enfants"

"Comme représentant de l'Iran, il incarnait son soutien au pouvoir syrien à qui il a donné un nouveau souffle. Il a joué un rôle central dans l'alliance entre les deux pays", explique Mohammed, un Syrien qui travaille à Beyrouth où le Hezbollah organise d'ailleurs, dimanche 5 janvier, une cérémonie d'hommage au général iranien tué. Pas de quoi rassurer Tony qui habite lui un quartier chrétien de la capitale, surtout dans le climat de tension que connaît déjà le Liban à cause de la crise économique et financière. "On a peur pour le Liban, pour le futur de nos enfants. Il y a des pressions de partout, c'est pas du tout évident, ce n'est plus comme avant. C'est un moment très grave", explique-t-il. Anthony, la quarantaine, chrétien lui aussi, ne fait pas du tout la même analyse de la situation. "Bien sûr que cet assassinat n'est pas bon, on n'a pas besoin d'escalade, mais le Hezbollah fait preuve de sagesse, il n'embarquera pas la région dans plus de violence, il ne prendra pas ce risque", estime cet enseignant.

Reportage à Beyrouth où domine la colère chez les sympathisants du Hezbollah et l’inquiétude dans les autres communautés. Aurélien Colly

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