Reportage "Notre peur, c'est que nous devenions le nouveau Gaza" : dans le sud du Liban, les habitants fuient les bombardements de l'armée israélienne

Des dizaines de milliers de Libanais fuient le sud du Liban pour se mettre à l'abri des bombardements. Franceinfo a recueilli les témoignages de plusieurs d'entre eux.
Article rédigé par franceinfo - Sophie Guignon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des Libanais fuient le sud du pays, 24 septembre 2024. (OMAR EL BSAT / ANADOLU via AFP)

Une journée de terreur et d’angoisse au Liban. Alors qu’Israël a lancé une campagne de bombardement intensive sur le sud du Liban et sur la plaine de la Bekaa, ces frappes, qui ont fait des centaines de morts et de blessés, n'ont épargné presque aucun village du sud du Liban. Même la banlieue sud de Beyrouth a été touchée. 

Conséquence : des dizaines de milliers de Libanais, effrayés, se sont mises en route pour fuir. Un embouteillage monstre s’est rapidement formé le long de l’autoroute côtière qui mène vers le nord, lundi 23 septembre. Un camion transporte une vingtaine de réfugiés syriens, qui sont désespérés. "Il y a eu des bombardements ! On va retourner en Syrie... Je n'en sais rien, où vous voulez qu’on aille !", s'exclame l'un d’eux.

"Les enfants n'en peuvent plus"

Des dizaines de milliers d’habitants du sud comme Hassan, originaire de Srifa, fuient vers le nord. À bord de sa voiture s’entassent hommes, femmes et enfants : "Ça fait 6 heures qu’on roule dans les embouteillages et on est loin d’être arrivé. On est à la moitié du chemin. Les enfants n’en peuvent plus, ils dorment derrière. Tout ce qu’on cherche, c'est un refuge pour être en sécurité. On veut aller à Beyrouth, mais on n’y connaît personne."

Malgré le chaos, la solidarité s’organise. Des habitants des villages côtiers distribuent de l’eau. Les écoles, les mosquées ou les églises ouvrent leurs portes aux déplacés. Dans une école de tir, à la frontière avec l'État hébreu, de nombreuses familles sont venues s'entasser : "On a beaucoup souffert aujourd'hui. Les bombardements étaient incessants." Amira vient à peine d'arriver à quitter sa maison dans la précipitation : "J'ai vraiment cru que c'était le dernier jour de ma vie. Maintenant, notre peur, c'est que nous devenions le nouveau Gaza."

"Que Nétanyahou nous laisse tranquilles"

Ces déplacés sont pris dans l'engrenage de la guerre et ne savent pas quand ils retourneront chez eux. Khadija est originaire de Naqoura, près de la frontière, pilonnée par l'aviation israélienne : "Pourquoi tout ça ? C'est notre terre, c'est notre village natal. Que Nétanyahou nous laisse tranquilles. Il tue nos jeunes, nos enfants, nos femmes. C'est notre droit légitime de nous défendre."

Personne n'ose cependant critiquer le Hezbollah, sauf en toute discrétion et à l'abri des regards. Comme Moustapha, qui regrette que le mouvement chiite soit entré en guerre contre Israël : "Ils ont commis une grosse erreur. Personne n'a pensé que ça allait avoir de telles conséquences. Aujourd'hui, on assiste à un massacre." Ces déplacés redoutent désormais une invasion terrestre israélienne qui pourrait provoquer un nouveau déplacement de population.

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