Reportage "Nous mourrons en martyr pour le bien des autres" : au Liban, le Hezbollah glorifie ses combattants morts pour justifier sa guerre

Au Liban, après des échanges de tirs inédits entre le Hezbollah et l'armée israélienne le week-end dernier, la pression retombe, mais le conflit se poursuit. Le groupe libanais continue de tirer ses roquettes sur Israël. Auprès de Libanais épuisés, le Hezbollah tente de justifier sa guerre, en célébrant les hommes qui meurent pour sa cause.

La détonation des avions de chasse israéliens qui franchissent le mur du son, un bruit devenu presque quotidien dans la région de Tyr, au sud du Liban. Dans la ville côtière, à la limite de la zone où commencent les affrontements, plusieurs milliers de personnes se sont réunies. Elles reprennent des slogans à la gloire du Hezbollah et de son leader.

Un récit de "résistance contre Israël"

La foule porte un cercueil : celui de Ali Shaheen, un combattant du parti-milice mort il y a quelques jours à la frontière. Hammad est de la famille et tient la main de son fils de 7 ans. "Je voulais qu’il vienne pour lui montrer ce que c’est que d’offrir sa vie. Lui dire que nous mourons en martyr pour le bien des autres, pour défendre nos terres et nos maisons."

Le Hezbollah organise les mêmes funérailles pour chacun de ses combattants, peu importe leur grade. Des cérémonies très coûteuses où chaque slogan, chaque affiche, chaque tenue des porteurs de cercueil est codifié. Le Hezbollah veut montrer que chacun de ses hommes est traité à égalité dans son sacrifice, un moyen de porter son récit de "résistance contre Israël". Récit qui prend d’autant mieux dans ce sud Liban, abandonné par l’État et marqué par le traumatisme de l’occupation et des dernières guerres.

Plus de 460 combattants morts depuis le début du conflit

Parmi la foule, Hassan, la cinquantaine, dit soutenir le Hezbollah quoi qu’il en coûte. "Israël a volé la terre des Palestiniens. Depuis que nous sommes petits, ils ont vécu parmi nous, forcés à l’exil. Et depuis, Israël nous bombarde tous. C’est pour tout ça que nous soutenons la confrontation." 

Des hommes en habits militaires portent le cercueil sur les derniers mètres du cimetière. Plus de 460 autres combattants sont morts depuis le début du conflit, tous glorifiés en martyrs par le Hezbollah. Mais derrière le récit soigné du parti-milice, le sentiment des populations est avant tout à l’inquiétude. Après bientôt 11 mois de guerre et la mort de 130 civils libanais, le conflit s’éternise. Au Liban, jamais une guerre avec Israël n’avait duré aussi longtemps.