Nucléaire iranien : l'AIEA de plus en plus "inquiète" face à l'escalade de Téhéran

Si la République islamique nie vouloir se doter de la bombe atomique, ses stocks d'uranium enrichi ont augmenté et dépassent de plus de 27 fois la limite autorisée par l'accord international de 2015.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi, lors d'un sommet à Dubaï, le 13 février 2024. (RYAN LIM / AFP)

Une tâche toujours plus difficile. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), instance de l'ONU chargée de vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire iranien, a fait part de ses "inquiétudes grandissantes" dans des rapports consultés lundi 26 février par l'AFP. A une semaine d'une réunion du Conseil des gouverneurs au siège de Vienne, son directeur général, Rafael Grossi, appelle de nouveau Téhéran à "coopérer pleinement", alors que les relations entre les deux parties ne cessent de se dégrader.

Il évoque dans ces documents encore confidentiels "des déclarations publiques en Iran sur les capacités techniques de production d'armes nucléaires, ce qui renforce les inquiétudes quant à l'exactitude" des comptes-rendus de Téhéran. La République islamique nie vouloir se doter de la bombe. Mais parallèlement, l'Iran poursuit son escalade et dispose désormais de suffisamment de matière pour fabriquer plusieurs bombes atomiques.

Une coopération restreinte "d'une manière sans précédent"

D'après le point d'étape de l'AIEA, les stocks d'uranium enrichi de l'Iran s'élevaient à 5 525,5 kg à la date du 10 février (contre 4 486,8 kg fin octobre). Soit plus de 27 fois la limite autorisée par l'accord international de 2015 encadrant les activités atomiques de Téhéran en échange d'une levée des sanctions internationales. L'Iran s'est affranchi progressivement des engagements pris dans le cadre de ce pacte, en réaction au retrait des Etats-Unis décidé en 2018 par le président d'alors, Donald Trump. Des discussions menées à Vienne pour le ranimer ont échoué à l'été 2022. 

Les Occidentaux préfèrent calmer le jeu, soucieux d'éviter un embrasement au Moyen-Orient. Aucune résolution n'a été présentée depuis novembre 2022, même si des limites ont régulièrement été franchies. Lundi, les Etats-Unis se sont dits "extrêmement préoccupés par l'expansion continue du programme nucléaire de l'Iran, sans aucune justification civile crédible". Dans ces conditions, l'AIEA apparaît impuissante. L'Iran a restreint "d'une manière sans précédent" sa coopération, a déploré récemment Raphaël Grossi, qui dénonce une "prise en otage".

Face à ces critiques, le gouvernement iranien avait annoncé la semaine dernière avoir invité Rafael Grossi à venir à Téhéran en mai, à l'occasion d'une conférence internationale sur l'énergie.

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