: Vidéo "13h15". Quand l'Iran a payé un milliards de dollars pour avoir 10% de l'uranium enrichi par Eurodif
En 1974, l’Iran propose au Premier ministre Jacques Chirac de prêter un milliard de dollars au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Grâce à cet argent, Georges Besse, assassiné par Action directe en 1986, pourra construire l’usine d’enrichissement d’uranium Eurodif, pendant des années au cœur d’un lourd différent entre Paris et Téhéran… Extrait du magazine "19h le dimanche" du 8 octobre.
Pour être en mesure d’avoir l’arme nucléaire, l’Iran de Mohammad Reza Pahlavi (1941-1979) veut accéder au savoir-faire français. Et donc à l’uranium d’Eurodif, l’usine d’enrichissement dirigée par Georges Besse, assassiné le 17 novembre 1986 par deux membres du groupe Action directe sur le trottoir du boulevard Edgard-Quinet, dans le XIVe arrondissement de Paris.
En décembre 1974, le Premier ministre Jacques Chirac est en voyage officiel à Téhéran. Les Iraniens lui proposent un prêt d’un milliard de dollars pour la construction d'une usine d’Eurodif. "Je propose que l’Iran devienne membre d’Eurodif, témoigne Akbar Etemad, dirigeant de l’Organisation à l’énergie atomique de son pays (AEOI) de 1974 à 1979. Monsieur Chirac a un peu sursauté, car il ne s’attendait pas à cela."
Georges Besse peut construire son usine d'enrichissement...
Le responsable du nucléaire iranien va voir le shah pour lui dire "je veux un milliard de dollars". Le souverain lui demande ce qu’il veut en faire. Akbar Etemad lui dit savoir que le Commissariat à l’énergie atomique français (CEA) a des difficultés et qu’il veut lui prêter de l’argent. "Allez-y, allez-y, faites ce que vous voulez !" lui rétorque Reza Pahlavi. L’accord entre les deux pays est conclu le 24 décembre 1974.
Les destins nucléaires de la France et de l’Iran sont désormais liés, sans retour en arrière possible. Téhéran devient actionnaire d’Eurodif et aura droit à 10% de l’uranium produit sur le site. "On savait bien qu'enrichir l'uranium, cela voulait dire fabriquer la bombe..." rappelle Yves Bonnet, ancien directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST). Et grâce à ce milliard iranien, Georges Besse peut construire la plus grande usine d’enrichissement au monde. Après l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeini en 1979, la France ne livre plus d’uranium et refuse de rembourser l’argent investi… Le groupe Action directe a-t-il agi pour le compte de l’Iran ?
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