Ce que l'on sait des attaques terroristes qui ont fait au moins quatre morts dans l'Aude
Le suspect a été abattu par les forces de l'ordre, vendredi, à Trèbes, près de Carcassonne. Ses attaques ont été revendiquées par le groupe Etat islamique.
Journée macabre dans l'Aude. Après s'en être pris à un automobiliste et des CRS, un homme armé s'est retranché, vendredi 23 mars, avec des otages, dans un supermarché Super U de Trèbes. Il a été abattu par les gendarmes en début d'après-midi. Au moins quatre personnes sont mortes et 15 ont été blessées, dont un gravement.
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Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de ces attaques.
Un automobiliste braqué, son passager tué
C'est la première victime de cette journée. Vers 10h13, Redouane Lakdim a d'abord braqué un automobiliste, à Carcassonne, pour lui voler sa voiture. Il a ouvert le feu, tuant le passager et blessant le conducteur.
Un CRS touché par des coups de feu
Quelques minutes plus tard, un CRS rentrant d'un footing avec plusieurs collègues a été blessé par balle à Carcassonne par le suspect qui a pris la fuite. Les CRS n'étaient pas armés. "C'est une compagnie de CRS de Marseille, en déplacement à Carcassonne, qui a été visée, précise à franceinfo une source policière. Ils se sont tout de suite mis au sol, mais l'un d'entre eux a été touché à l'épaule." Le pronostic vital du CRS blessé "n'est pas engagé", a précisé le Premier ministre Edouard Philippe. L'homme a deux côtes cassées et un poumon perforé.
Une prise d'otages dans un Super U
Vers 11h15, le suspect s'est ensuite rendu dans un supermarché de Trèbes, à quelques kilomètres de là. Sa voiture a été retrouvée sur le parking. "Il est entré dans le magasin Super U en criant 'Allah akbar' et en indiquant qu'il était un soldat de l'Etat islamique, se disant prêt à mourir pour la Syrie. Il sollicitait la libération de frères", a déclaré le procureur de la République, François Molins, en conférence de presse.
Deux personnes ont été tuées dans cette attaque, un employé du supermarché et une cliente. D'autres clients ont été pris en otages, certains ont parvenu à fuir et d'autres ont fini par être libérés "au cours d'une négociation", affirme François Molins.
Le geste héroïque d'un gendarme
En échange de la libération d'une dernière otage, un gendarme, Arnaud Beltrame, est alors rentré volontairement dans le magasin. Selon le ministre de l'Intérieur, ce lieutenant-colonel "avait laissé son téléphone ouvert sur la table", permettant aux gendarmes d'entendre ce qu'il se passait dans les locaux. "C'est quand nous avons entendu des coups de feu que le GIGN est intervenu", a précisé Gérard Collomb.
L'assaillant a été abattu et le dernier otage qu'il retenait, le gendarme, a été touché de plusieurs balles. Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame est mort quelques heures plus tard à l'hôpital. "Jamais la France n'oubliera son héroïsme", a réagi le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Deux autres militaires du GIGN ont été blessés, l'un par balles, l'autre plus légèrement, au cours de l'assaut, selon les informations de franceinfo.
Un assaillant connu des services de renseignement
Le preneur d'otages s'appelle Redouane Lakdim, un Franco-Marocain de 26 ans connu des services de renseignement, fiché au FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste) et fiché S, depuis 2014, pour ses liens "avec la mouvance salafiste". Cependant, "aucun signe précurseur" n'avait été décelé laissant penser à un passage à l'acte terroriste, lors du suivi du suspect en 2016 et 2017 par les services de renseignement, a ajouté François Molins. L'assaillant était connu de la justice pour des faits de droit commun : condamné par le tribunal correctionnel de Carcassonne en 2011 à une peine d’un mois de prison avec sursis pour port d’armes prohibé, puis le 6 mars 2015 à un mois d’emprisonnement pour usage de stupéfiants et refus d’obtempérer. Il avait exécuté sa peine en août 2016 à la maison d’arrêt de Carcassonne.
Le preneur d'otages s'est revendiqué du groupe Etat islamique (EI), a indiqué le parquet de Carcassonne. La section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie de l'enquête. Selon les informations de France 2, il a réclamé la libération de Salah Abdeslam, le dernier survivant des commandos des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis.
Dans sa conférence de presse, Gérard Collomb a précisé que l'homme avait agi seul. "C'était quelqu'un de solitaire, qui est passé à l'acte", a-t-il déclaré, le présentant comme un "petit dealer". Cependant, François Molins a ajouté qu'une de ses proches avait été placée en garde à vue en début de soirée. "Elle partageait [la] vie" de Redouane Lakdim, a expliqué le procureur Molins.
Des attaques revendiquées par l'Etat islamique
Ces attaques ont été rapidement revendiquées par le groupe Etat islamique. "L'homme qui a mené l'attaque de Trèbes dans le sud de la France est un soldat de l'EI, qui a agi en réponse à l'appel" de l'organisation "à viser les pays membres de la coalition" internationale anti-EI, dont fait partie la France, a déclaré le groupe jihadiste dans un communiqué de son agence de propagande Amaq.
Breaking: #ISIS ‘Amaq News Agency reports that #Trebes #France hostage-taker was a “soldier of the Islamic State, who carried out the attack in response to the calls to attack Coalition countries." The message follows a coordinated celebratory campaign by ISIS supporters online. pic.twitter.com/gYiAFwg0wq
— Rita Katz (@Rita_Katz) 23 mars 2018
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