Ce que l'on sait de Mélina Boughedir, la Française condamnée en Irak pour appartenance à l'Etat islamique
La jeune femme de 27 ans avait été arrêtée à Mossoul, ancien bastion du groupe terroriste, avec ses quatre enfants, dont trois ont déjà été rapatriés en France. Elle a été rejugée après un premier procès en février. Le verdict est tombé dimanche 3 juin.
Elle a échappé à la peine de mort. La Française Mélina Boughedir a été condamnée par un tribunal de Bagdad à la perpétuité, pour avoir rejoint le groupe Etat islamique, dimanche 3 juin. Cette peine équivaut à vingt années de réclusion au regard de la législation irakienne actuelle. L'un de ses avocats a d'ores et déjà annoncé, sur franceinfo, son intention de faire appel.
Ce n'est pas le premier procès pour Mélina Boughedir : en février, elle avait été condamnée à sept mois de prison pour "entrée illégale" en Irak. Elle devait initialement être expulsée vers la France. Mais la cour de cassation irakienne avait réexaminé le dossier et estimé qu'il ne s'agissait pas d'une simple entrée illégale. Voici ce que l'on sait de Mélina Boughedir.
Elle est mère de quatre enfants
Mélina Boughedir est née à Melun (Seine-et-Marne), selon Le Parisien. Avant son départ pour la zone irako-syrienne, elle résidait à Nanterre (Hauts-de-Seine) avec son époux Maximilien Thibaut et leurs trois enfants, alors âgés de 4, 3 et 1 an.
Le 5 octobre 2015, la famille part rejoindre le groupe Etat islamique et arrive à Raqqa (Syrie), la capitale autoproclamée de l'organisation terroriste. "Je suis restée quatre jours en Syrie, puis je suis venue à Mossoul [dans le nord de l'Irak] avec mon mari et mes enfants", a-t-elle expliqué. C'est là que Mélina Boughedir et ses enfants ont été arrêtés, le 8 juillet 2017, à la fin de la bataille qui a libéré la ville. Lors de leur capture, ils étaient affamés dans les décombres de la cité.
Trois des enfants ont été rapatriés en France, en décembre. La petite dernière, née à Mossoul et âgée de 16 mois, est restée avec sa mère en Irak. "La petite, Z., est restée avec elle dans la cellule car elle l'allaite", précise la mère de Mélina Boughedir à Libération, qui a rencontré sa famille domiciliée à Créteil (Val-de-Marne).
Elle est l'épouse d'un homme radicalisé
Vincent Brengarth, l'un des avocats français de Mélina Boughedir, a précisé sur RTL ne pas avoir rencontré sa cliente, mais a affirmé qu'elle "regrettait son départ" et qu'"elle était sous l'influence de son compagnon".
Le père des enfants de Mélina Boughedir, Maximilien Thibaut, était connu des services de justice et de renseignements français. Il faisait "partie de Forsane Alizza, groupuscule islamiste dissout en 2012 par le ministère de l'Intérieur", selon Le Figaro. En juillet 2015, il avait été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis et était présenté comme un "membre actif" de l'organisation.
"Peu après le procès, (...) nous sommes allés crever l’abcès. On s’est assis dans leur cuisine à Nanterre, et j’ai posé des questions précises à Maximilien. Ce qui m’a frappé, c’est qu’il ne connaissait pas la religion. (...) Après coup, on s’est dit qu’il était juste timide, influençable, incapable de basculer dans le terrorisme", témoigne la famille de Mélina Boughedir dans Libération. "Quand nous allions chez eux, il venait nous saluer et repartait sur l’ordinateur illico. En tout, il devait passer près de quinze heures par jours sur internet", renchérit le père de la jeune femme.
Pendant son premier procès en Irak, Mélina Boughedir a affirmé que son mari était "cuisinier chez Daech" et qu'il avait été tué lors de la bataille de Mossoul. Au premier jour de son deuxième procès, mercredi, le président du tribunal lui a demandé où était son mari. "Un jour, il est parti chercher de l'eau et il a disparu, je ne sais rien à son sujet", a-t-elle répondu.
Elle est suspectée d'appartenir à la police morale de l'Etat islamique
L'avocat de Mélina Boughedir a déclaré lors de son procès en Irak qu'elle "n'avait pas participé à des actes de violence". Elle s'est également présentée comme une "femme au foyer".
Mais des sources irakiennes citées par l'agence américaine Associated Press affirment que Mélina Boughedir a été membre des brigades féminines de la police morale du groupe Etat islamique, Diwan Al-Hisba. Un haut gradé du renseignement français, contacté par Libération, juge cette hypothèse "possible", mais concède qu’il n’y a "aucune certitude".
Quelle était la mission de ce groupe ? France 2 a interrogé en octobre 2017 une femme qui était membre de cette police des mœurs, près de Mossoul. "Je devais arrêter les femmes qui respectaient mal la loi islamique. Qui mettaient mal leur voile ou ne portaient pas de gants, ni de chaussettes", avait-elle expliqué.
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