Chrétiens, Yezidis... la fuite des minorités d'Irak pousse les occidentaux à l'intervention
Plus de 200 000 personnes ont fui depuis le début de la dernière offensive des jihadistes, qui s'approchent de la frontière du Kurdistan.
Les jihadistes de l'Etat Islamique (EI) continuent de gagner du terrain en Irak, rendant chaque jour plus critique la situation des chrétiens et des autres minorités religieuses du pays. Jeudi 7 août, les islamistes se sont emparés de Qaraqosh (50 000 habitants), la plus grande ville chrétienne du pays, aujourd'hui vidée de sa population. Près de Sinjar, ce sont principalement des Yezidis, une autre minorité religieuse, qui sont réfugiés sur une montagne sans accès à l'eau. Une catastrophe humanitaire qui pousse les Américains à envisager des largages de provisions voire des frappes aériennes, selon le New York Times. La France, elle, se dit prête à apporter son soutien aux combattants kurdes.
Les islamistes à la frontière du Kurdistan
Depuis le début de son offensive le week-end dernier, l'EI annonce sur son compte Twitter avoir pris 15 villes, le barrage stratégique de Mossoul et une base militaire. Jeudi, ils se sont rapprochés de la frontière du Kurdistan irakien, dernière poche de résistance contre leur avancée. A Makhmour, proche de la capitale Erbil, les Peshmerga kurdes assurent avoir été aidés par des combattants du PKK, le parti kurde de Turquie, pour repousser l'assaut.
Chez les chrétiens d'Irak, c'est la peur qui règne. Ils n'ont pas attendu l'arrivée des jihadistes pour fuir Qaraqosh, la principale ville chrétienne du pays. Et éviter que les islamistes ne leur posent le même ultimatum qu'aux chrétiens de Mossoul : se convertir à l'islam ou payer un impôt destiné aux non-musulmans. Pour Loveday Morris, correspondante du Wall Street Journal en Irak, la panique est générale chez les minorités religieuses, qui "fuient des zones où il n'y a aucune menace immédiate." Au total, environ 200 000 personnes ont fui les combats dans cette région au cours des derniers jours, selon le porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU. Pour lui, cet exode est une "tragédie aux proportions immenses", car nombre de déplacés font face à une pénurie d'eau, de denrées alimentaires, d'abris et de médicaments.
40 000 personnes piégées sans eau sur le mont Sinjar
C'est à Sinjar que la situation est la plus dramatique. La ville est le berceau des Yezidis, des Kurdes qui pratiquent une religion ancestrale, antérieure à la naissance de l'Islam. L'Etat islamique les qualifie d'"infidèles" et les menaces de mort. Eux aussi ont donc fui leur ville, depuis le 3 août, avant même l'arrivée des islamistes, et en direction du mont Sinjar qui surplombe la ville. Un mont qui leur sert d'abri, mais qui se révèle être un piège mortel : 40 000 personnes y sont aujourd'hui coincées sans eau, sans nourriture et sans abri face à chaleur écrasante.
Selon l'Unicef, 40 enfants y sont déjà morts de déshydratation. Jeudi soir, la correspondante du Wall Street Journal expliquait que les Peshmerga étaient parvenus à ouvrir une route vers la frontière syrienne toute proche, mais évacuer les familles prendra du temps et, selon l'administration américaine, les combattants de l'EI sont au pied de la montagne.
Une situation qui pourrait bien précipiter l'engagement des occidentaux en Irak. Selon le New York Times, l'administration américaine réfléchit à apporter une aide aux réfugiés, en larguant de la nourriture et des médicaments voire par des frappes aériennes. François Hollande, lui, s'est entretenu avec le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, et a "confirmé la disponibilité de la France à apporter un soutien aux forces engagées" contre l'Etat islamique. Plus tôt, la France, par l'intermédiaire du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, a réclamé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.
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