La Turquie lance une vaste opération "antiterroriste" contre le PKK et les jihadistes de l'Etat islamique
Quelque 320 personnes ont été placées en garde à vue et des bombardements ont visé des sites en Irak et en Syrie.
La police turque a procédé, samedi 25 juillet, pour la deuxième journée consécutive dans plusieurs villes du pays à des dizaines d'arrestations visant le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan, ont rapporté les médias turcs.
Le gouvernement islamo-conservateur turc a attribué au groupe jihadiste l'attentat suicide qui a fait lundi 32 morts et une centaine de blessés dans la ville de Suruç, frontalière de la Syrie. Depuis, le PKK a multiplié les attaques contre les forces de l'ordre turques, en riposte à l'attaque de Suruç qui a visé des jeunes militants de gauche, proches de la cause kurde.
590 personnes en garde à vue
Ce nouveau coup de filet a été mené à Istanbul, Ankara, Adana (sud), Konya (centre) et Manisa (nord-ouest) notamment, ont précisé les agences de presse Dogan et Anatolie (progouvernementale). La police antiterroriste avait déjà mené vendredi une grande opération contre des militants présumés de l'EI, du PKK et de l'extrême gauche, qui avait mobilisé des milliers de policiers.
La police turque a arrêté, depuis vendredi, dans toute la Turquie, 590 personnes accusées de liens avec le groupe jihadiste Etat islamique (EI) ou les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a annoncé samedi le Premier ministre Ahmet Davutoglu. "Actuellement, 590 personnes liées à des organisations terroristes ont été placées en garde à vue, parce qu'elles présentent un danger potentiel", a-t-il justifié.
Ces arrestations interviennent simultanément aux frappes aériennes menées par l'armée de l'air turque contre des positions de l'organisation Etat islamique en Syrie et des cibles du PKK dans le nord de l'Irak.
Des frappes aériennes contre le PKK en Irak
Des avions de chasse turcs ont lancé des attaques contre des camps du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak dans la nuit de vendredi à samedi, a confirmé le cabinet du Premier ministre turc, dans un communiqué publié samedi. Les frappes aériennes ont touché sept sites du PKK. Parmi les objectifs visés, figurent des "abris, hangars, cavernes et installations logistiques remplies de munition", selon le texte.
"A environ 23 heures (22 heures à Paris) ce soir (vendredi), des avions de guerre turcs ont commencé à bombarder nos positions près de la frontière, avec l'accompagnement d'importants tirs d'artillerie", a précisé à l'AFP Bakhtiar Dogan, porte-parole du PKK.
Ces frappes risquent de fragiliser un peu plus les discussions de paix avec les séparatistes du PKK, entamées en 2012, pour tenter de mettre fin à un conflit qui a fait plus de 40 000 morts en trente ans.
Des positions de l'Etat islamique visées en Syrie
Changement de politique à Ankara. Les forces turques ont bombardé pour la première fois des positions de l'EI en Syrie. Longtemps critiquée pour son inertie vis-à-vis des groupes radicaux hostiles au régime syrien, la Turquie s'engage brutalement dans la lutte contre le mouvement jihadiste. Pendant des mois, en effet, Ankara s'est contenté de réclamer le départ du président syrien Bachar Al-Assad et d'accuser les forces kurdes de Syrie de poser des problèmes de sécurité.
Désormais, la Turquie autorise l'armée américaine à utiliser sa base aérienne d'Incirlik pour lancer des attaques contre l'Etat islamique. Ajouté aux frappes, cette ouverture est une manière pour Ankara de réfuter les acusations de complicité du gouvernement Erdogan avec les jihadistes syriens, explique Geopolis.
"L'opération menée contre l'EI a rempli son objectif et ne s'arrêtera pas", a affirmé devant la presse le Premier ministre Ahmet Davutoglu. "Ce qui s'est passé depuis quelques jours montre que la situation n'est plus sous contrôle", a renchéri le président et homme fort du pays, Recep Tayyip Erdogan, "ce n'est pas une opération d'une nuit, elle continuera avec détermination".
Les frappes turques ont visé trois bâtiments situés jusqu'à 14 km à l'intérieur de la Syrie, dans les districts d'El-Tabiye, El-Zahiriye et Burgi, rapporte l'agence progouvernementale Anatolie. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les frappes turques ont tué 9 combattants jihadistes.
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