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Vidéo Attaques, mutineries, hôpital-mouroir... dans cette prison du nord-est syrien, les forces kurdes manquent de moyens pour garder 5 000 jihadistes

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Envoyé spécial. Attaques, mutineries, hôpital-mouroir... dans cette prison du nord-est syrien, les forces kurdes manquent de moyens pour garder 5 000 jihadistes
Envoyé spécial. Attaques, mutineries, hôpital-mouroir... dans cette prison du nord-est syrien, les forces kurdes manquent de moyens pour garder 5 000 jihadistes Envoyé spécial. Attaques, mutineries, hôpital-mouroir... dans cette prison du nord-est syrien, les forces kurdes manquent de moyens pour garder 5 000 jihadistes (ENVOYÉ SPÉCIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Dans le nord-est de la Syrie, où sont détenus près de 15 000 jihadistes de Daech, des journalistes d'"Envoyé spécial" ont obtenu l'autorisation de filmer à l'intérieur d'une prison de haute sécurité. Les gardiens kurdes ont voulu leur montrer à quel point ils manquent de moyens pour faire face à 5 000 anciens combattants de l’organisation terroriste. 

La prison, dont nous ne connaîtrons pas l'emplacement exact, est située près de la ville syrienne d'Hassaké, à deux heures de la frontière turque. Les forces kurdes y ont la garde de 5 000 anciens combattants de l'organisation Etat islamique, parmi les plus dangereux. Pour "Envoyé spécial", les journalistes Romain Boutilly et Florian Le Moal ont exceptionnellement été autorisés à y accéder. Les conditions de tournage sont très strictes et ils ont interdiction de filmer le bâtiment de l'extérieur. Tout au long de la visite, l'équipe est escortée par des gardiens kurdes, masqués pour leur sécurité.

Une zone kurde sous la menace de Daech

Chaque jour, ces soldats risquent leur vie. La prison se trouve en zone kurde, mais toujours sous la menace de Daech. Elle est régulièrement attaquée par des cellules terroristes qui veulent faire évader les jihadistes emprisonnés.

A l'intérieur aussi, les émeutes se multiplient. Certains prisonniers en sont à leur sixième tentative d'évasion, explique l'un des gardiens. D'autres ont un jour placé devant la porte de leur cellule un prisonnier soi-disant mort, raconte-t-il. Ils ont attendu qu'elle s'ouvre pour se ruer sur les gardiens. Ces derniers ont réussi à maîtriser la situation à l'aide de gaz lacrymogène, mais les moyens logistiques manquent. Le garde en appelle aux pays européens : "Ce n'est pas à nous de gérer seuls tous ces jihadistes." 

Dans la salle de contrôle

Nous voici dans la salle de contrôle de la prison. En temps réel, on voit les 5 000 prisonniers qui dorment, prient, mangent ou se dégourdissent les muscles, le tout dans un calme trompeur. Un seul gardien pour contrôler les images des caméras de surveillance qui équipent toutes les cellules, ainsi que le secteur de l'infirmerie, à l'étage inférieur. C'est la partie de la prison qui a été transformée en hôpital. 

Un hôpital-mouroir 

Pour mieux illustrer le manque de moyens, les gardiens ont tenu à y emmener les journalistes. Malgré le masque qu'ils doivent porter pour se protéger des infections, l'odeur y est insupportable. Malades du foie ou du cœur, blessés, voire mutilés lors des combats, près de 450 prisonniers croupissent dans ce hangar. Certains auront peut-être la chance de réintégrer leur cellule, d'autres vivent sans doute leurs dernières heures.

Extrait de "Syrie, des prisonniers encombrants", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 16 janvier 2020.

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