Le Yémen endeuillé par une série d'attentats contre des mosquées revendiqués par l'Etat islamique
Les terroristes ont visé des lieux de culte de la capitale yéménite, Sanaa, contrôlée par les miliciens chiites houthis. Les attaques ont fait au moins 142 morts.
Les fidèles étaient en pleine prière au moment des attaques. Trois attentats-suicides, revendiqués par l'organisation Etat islamique, ont visé des mosquées de Sanaa, la capitale du Yémen, faisant au moins 142 morts et 351 blessés, annoncent un responsable du ministère de la Santé dans un nouveau bilan, vendredi 20 mars.
Francetv info revient sur ces attaques, les plus sanglantes depuis la prise de la capitale du Yémen par une puissante milice chiite fin janvier.
Que s'est-il passé ?
La prière hebdomadaire de midi a tourné au massacre. A la mi-journée, un premier terroriste s'est fait exploser dans la mosquée Badr, dans le sud de Sanaa, la capitale du Yémen. Un autre, situé à l'entrée de ce même lieu de culte, l'a immédiatement imité au moment où les fidèles prenaient la fuite. Une troisième attaque a visé une mosquée du nord de la capitale.
Ce triple attentat-suicide, survenu quasiment au même moment, a eu lieu alors que de nombreux membres de la puissante milice chiite des Houthis, qui a pris le pouvoir à Sanaa en début d'année, étaient en train de prier. Un quatrième attentat-suicide a aussi eu lieu à Saada, bastion des Houthis dans le Nord, sans faire de victime. Un kamikaze s'est fait exploser devant une mosquée mais les forces de sécurité l'ont empêché d'y pénétrer.
Peu après l'attaque dans la capitale, les fidèles ont commencé à transporter les blessés dans des pick-up en direction des hôpitaux. La télévision Al-Massira, contrôlée par les Houthis, a affirmé que les hôpitaux de la capitale réclamaient en urgence des dons de sang.
Selon une source médicale, l'imam de la mosquée Badr, un important responsable religieux de la milice, a été tué.
Qui est derrière ces attaques ?
Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué ces attentats dans un communiqué publié sur internet et signé d'une branche de l'EI au Yémen. Dans le texte, la "province de Sanaa" de l'EI assure que ces attaques ne sont que "la partie émergée de l'iceberg" et que d'autres suivront contre les Houthis.
Quelle est la situation au Yémen ?
Elle est très instable. Depuis fin janvier, Sanaa est aux mains des miliciens chiites houthis, qui ont pris le palais présidentiel le 20 janvier. Ces rebelles, hostiles au président Abd Rabbo Mansour Hadi, ont annoncé la dissolution du Parlement et la mise en place d'un Conseil présidentiel dès le mois de février. Ces mesures ont été qualifiées de "coup d'Etat" par Abd Rabbo Mansour Hadi qui a réussi à fuir à Aden, la capitale du Sud.
Depuis l'insurrection populaire de 2011, dans le sillage du Printemps arabe, le pouvoir central a été marginalisé par les Houthis ainsi que par les jihadistes sunnites d'Al-Qaïda. Les deux groupes ont accru leur influence, tout en se livrant une guerre sans merci.
Preuve de l'affaiblissement du pouvoir, le président reconnu a dû être brièvement évacué, jeudi, vers un "lieu sûr", après un raid aérien contre son palais à Aden et des combats opposants ses forces à celles d'un général rebelle. Alors que les espoirs suscités par l'ouverture d'un dialogue, destiné à sortir le Yémen de la crise, sont quasiment morts, les observateurs évoquent désormais un sérieux risque de guerre civile.
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