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Yémen : "Avant la guerre, nous étions heureux", aujourd'hui "nous survivons"

Au Yémen, huit millions de personnes sont au bord de la famine, un million est atteint du choléra. Depuis plus de trois ans, le pays est enlisé dans une guerre meurtrière entre les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, et une coalition menée par l’Arabie saoudite.

Article rédigé par Omar Ouahmane - Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des déplacés de la ville de Hodeida ont trouvé refuge dans une école à l'ouest d'Aden. (OMAR OUAHMANE / RADIO FRANCE)

C’est une guerre d’usure, un conflit qui a fait plus de 10 000 morts, 53 000 blessés et qui pousse tous les jours les civils à fuir le nord du Yémen, contrôlé par le rebelles houthis et pilonné par les avions de la coalition menée par l’Arabie Saoudite. Salah Sayadi, ministre en charge de la question des déplacés, indique que leur nombre est malheureusement en "constante augmentation". Il parle de 3 millions de déplacés depuis le début du conflit, dont 40 000 rien que le mois dernier. "Tant que la guerre durera, les civils fuiront les zones de combats", explique-t-il.

Tous cherchent à rejoindre la ville d’Aden, capitale du sud, déjà saturée et plombée par une pauvreté endémique. Les ONG, peu nombreuses, ne parviennent pas à combler les défaillances de l’Etat, dont les structures s’effondrent. Les déplacés vivent donc comme ils peuvent. A l’ouest de d’Aden, plusieurs familles se sont installées à l’intérieur d’une école. "On a fui les raids aérien, les bombes, les roquettes, on vivait dans la peur", témoigne Saïd, arrivé avec ses quatre enfants il y a 15 jours. 

On nous a dit qu’on pouvait s’installer dans cette école mais les cours vont reprendre lundi, alors on se sait pas où aller.

Saïd, civil déplacé

à franceinfo

Ces déplacés sont originaires de la région d’Hodeidah, plus au nord, où les rebelles houthis ont pris position. Amahal partage une classe avec trois autres familles. "Avant la guerre, nous étions heureux", se souvient la jeune femme.

Avec les Houthis, tout s’est dégradé, même les écoles étaient bombardées, on devait rester cloîtré à l’intérieur des maisons assiégées, avec très peu de nourriture.

Amahal, civile déplacée

à franceinfo

Dans cette école, les conditions de vie sont sommaires, des couvertures posées sur le sol et des sanitaires fermés. Badrié porte dans ses bras un enfant de neuf mois. "C’est dur, nous survivons ici, nous dit-elle. On n’a rien à offrir à nos enfants. Il n’y a pas d’électricité, pas d’eau, pas de lait, pas de couches… Toutes nos réserves sont épuisées." Ces familles vont devoir quitter cette école et bientôt grossir les rangs de ces déplacés sans abri qui vivent dans une extrême précarité.

A Aden, au Yémen, le reportage d’Omar Ouahmane

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