La Syrie a utilisé des armes chimiques en 2018 à Saraqeb, selon un rapport d'experts internationaux
L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques a dévoilé son rapport sur une attaque menée il y a trois ans dans le district d'Idleb. Elle conclut que des unités de l'armée syrienne ont bien fait usage de chlore.
L'armée de l'air syrienne a bien utilisé du chlore lors d'une attaque dans la ville de Saraqeb en 2018, a annoncé l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), lundi 12 avril, après avoir mené une longue enquête. Son équipe d'identification et d'enquête (ITT) a "conclu que des unités de l'armée de l'air arabe syrienne ont recouru à des armes chimiques le 4 février 2018 à Saraqeb", à une cinquantaine de kilomètres au sud d'Alep.
"Il existe des motifs raisonnables de croire" qu'un hélicoptère militaire de l'armée de l'air syrienne "a frappé l'est de Saraqeb en larguant au moins un cylindre". Celui-ci "s'est rompu et a libéré du chlore sur une grande surface, affectant 12 personnes", précise le communiqué (en anglais) de cette organisation basée à La Haye (Pays-Bas). Afin de parvenir à leurs conclusions, les enquêteurs de l'OIAC ont interrogé 30 témoins et analysé des échantillons prélevés sur les lieux, ainsi que des images satellite. Ils ont également examiné les symptômes signalés par les victimes et le personnel médical, qui "comprenaient essoufflement, irritation de la peau, douleur thoracique et toux".
Le commandement militaire syrien mis en cause
Le gouvernement syrien a toujours nié toute implication dans des attaques chimiques, affirmant avoir remis tous ses stocks d'armes chimiques sous supervision internationale aux termes d'un accord conclu en 2013. Mais les enquêteurs de l'OIAC estiment que les ordres ayant conduit à l'attaque de Saraqeb devaient provenir de hauts responsables. Le commandement général militaire syrien semble avoir "délégué les décisions sur l'utilisation du chlore aux commandants au niveau opérationnel", ajoutent les enquêteurs, en citant des informations de diverses sources.
Il s'agit du deuxième rapport de l'équipe d'identification et d'enquête (IIT) de l'OIAC, qui a le pouvoir, depuis 2018, de désigner l'auteur d'une attaque chimique, et non plus seulement de documenter l'utilisation d'une telle arme. Il y a un an, l'ITT avait déjà établi (en anglais, format pdf) que l'armée de l'air de Bachar Al-Assad avait lâché des bombes contenant du sarin et du chlore en 2017 à Latamné, dans le nord de la Syrie, violant ainsi la Convention sur les armes chimiques.
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