Syrie : trois questions sur les armes chimiques accumulées par le régime de Bachar al-Assad et leur avenir entre les mains des rebelles islamistes

Après la chute du président Bachar al-Assad en Syrie, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) estime qu'il reste des stocks d'armes chimiques sur le territoire, sans en connaître précisément l'ampleur.
Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le stock d'armes chimiques en Syrie est difficile à estimer après la chute du Bachar Al-Assad. (RAMI AL SAYED / AFP)

Trois jours après la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie, l'armée israélienne justifie des frappes dans le pays pour détruire des stocks "d'armes chimiques", pour éviter qu'elles ne tombent entre les mains des insurgés. Les rebelles affirment qu'ils ne les utiliseront pas. Les rares informations disponibles sur ces stocks sont celles que le régime de Bachar al-Assad avait bien voulu divulguer. Franceinfo fait le point sur ces armes chimiques, qui avaient été utilisées par le dictateur syrien déchu en 2013 et avaient provoqué la mort de plusieurs milliers de civils.

Quelle quantité d'armes ?

La Syrie a intégré l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) en 2013, sous la pression internationale, quelques mois après avoir utilisé des armes chimiques dans la région de la Ghouta, où près de 1 500 personnes avaient été tuées. Depuis, Damas est censé lister l'ensemble de ses armes chimiques et les détruire, mais l'organisation pointe "des incohérences" dans les déclarations syriennes. La liste des armes ne peut donc pas être considérée comme "exacte et complète". L'OIAC est certaine que Damas n'a jamais déclaré complètement tout son stock.

Le Conseil de sécurité de l'ONU avait même dénoncé, début décembre, "l’absence de progrès véritable vers l’élimination du programme syrien d’armes chimiques". Le régime de Bachar al-Assad avait répliqué en dénonçant une "manipulation politique".

Pourquoi l'OIAC est certaine de ne pas connaître l'ampleur du stock ?

Leurs enquêteurs se sont rendus une dizaine de fois en Syrie depuis une décennie, et ont constaté à deux reprises que le pays continuait à posséder, voire à produire, ce type d'armes. D'ailleurs, le régime de Bachar al-Assad en a utilisé à plusieurs reprises, au moins une vingtaine de fois, y compris après avoir intégré l'OIAC. L'utilisation de chlore et de gaz sarin sur des immeubles résidentiels ont été documentés et ont provoqué au total la mort de 14 000 civils, selon une ONG syrienne citée par l'ONU. 

Que peut-il se passer maintenant pour ce stock ?

Les rebelles qui ont pris le pouvoir assurent qu'ils n'ont pas l'intention d'utiliser ces armes. Ils affirment qu'ils vont sécuriser les sites militaires où elles sont stockées pour qu'elles ne tombent pas "entre des mains irresponsables". En attendant, l'armée israélienne a pris les devants : des centaines de frappes aériennes ont été menées ces derniers jours en Syrie, notamment pour viser des entrepôts supposés d'armes chimiques.

Une stratégie qui n'est pas très efficace selon Olivier Lepick, chercheur à la fondation pour la recherche stratégique. "Ils ont effectivement frappé un certain nombre d'installations qui ont été identifiées par le passé au programme militaire syrien, notamment le centre de recherches de Barzeh, dans la banlieue de Damas. Si d'aventure des stocks ont été cachés, ils l'ont été très loin des infrastructures identifiées comme participant au programme", estime-t-il. 

Si jamais il y avait bien des armes chimiques, elles peuvent avoir été détruites via une frappe aérienne en faisant peu de dégâts collatéraux, selon Olivier Lepick. L'OIAC appelle à "poursuivre le dialogue" avec les nouvelles autorités syriennes pour garantir au mieux la sécurité autour de ces armes. 

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