Damas piétine le cessez-le-feu du plan de paix de Kofi Annan
Le régime syrien continue de s'acharner sur les villes rebelles malgré son engagement de cesser les hostilités. Malgré la répression, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays.
La Syrie "n'épargnera aucun effort pour faire réussir" le plan de paix de Kofi Annan, déclarait, jeudi 29 mars, le président Bachar Al-Assad. Principale modalité de ce texte en six points : un cessez-le-feu. Le lendemain, vendredi, Homs est sous les bombes. Au moins 15 obus se sont abattus sur plusieurs quartiers de la troisième ville de Syrie, où l'armée tente d'écraser les poches de résistance au régime.
Pas de signe de détente non plus dans les autres villes rebelles. Dans la province d'Idleb (nord-ouest), l'armée a procédé à des perquisitions et incendié quatre maisons près de la ville de Maaret al-Noomane. De violents combats ont éclaté entre armée et rebelles à Harasta et Erbine, près de Damas, et dans les provinces de Hama (centre) et Deir Ezzor (est), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et des militants.
Vendredi après-midi, un bilan faisait état d'onze personnes tuées, en majorité des civils, dans différentes villes.
Les tueries doivent cesser "maintenant", dit Annan
Du coup, Kofi Annan, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour le pays, perd patience : "Nous attendons de [Bachar Al-Assad] que le plan soit exécuté immédiatement. A l'évidence, nous n'avons pas constaté de cessation des hostilités sur le terrain. C'est notre grande préoccupation". Il a prévenu que les "violations" et les "tueries" devaient cesser "maintenant." A Washington, le département d'Etat dit n'avoir "encore absolument rien vu sur le terrain qui prouve que [la Syrie] répond aux appels demandant à ce que l'artillerie et les armes lourdes soient remisées dans les casernes et qu'un cessez-le-feu soit mis en place pour permettre à l'aide humanitaire d'être acheminée".
Le régime pose comme condition à la réussite du plan l'arrêt des violences commises, selon lui, par les "groupes terroristes". Les rebelles qui se militarisent rétorquent qu'ils doivent défendre leurs villes et les civils des troupes syriennes. Bachar Al-Assad réclame que les pays de la région (allusion à l'Arabie saoudite et au Qatar) cessent de financer et d'armer les "gangs terroristes".
Manifestations dans le pays
Comme chaque vendredi, jour de prières, depuis un an, des milliers de personnes manifestent à travers le pays. Ils expriment leur déception après le sommet arabe à Bagdad, jeudi, qui s'est contenté d'appeler régime et opposition au dialogue.
A Kafaroma, dans la province d'Idleb, des centaines de manifestants, ont bravé les opérations militaires. Sur l'une des pancartes, on pouvait lire : "Le lâchage des Arabes et le silence des musulmans sont les choses les plus difficiles auxquelles font face les Syriens." Les violences ont fait près de 10 000 morts, en majorité des civils, depuis le début de la contestation populaire le 15 mars 2011, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
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