Mandats d'arrêt contre trois responsables syriens : le frère et oncle des deux victimes d'exactions salue "une première victoire"
Obeida Dabbagh réagit sur franceinfo mardi 6 novembre à l'annonce de l'émission, par la justice française, de mandats d'arrêt contre les trois hauts responsables syriens soupçonnés d'être impliqués dans des exactions sur son frère et son neveu, portés disparus depuis leur arrestation en novembre 2013.
"Je considère cela comme une première victoire", a réagi mardi 6 novembre sur franceinfo Obeida Dabbagh, le frère et oncle de deux citoyens franco-syriens portés disparus depuis leur arrestation en novembre 2013 par les services du régime de Bachar al-Assad, au lendemain de l'annonce de l'émission, par la justice française, de mandats d'arrêt contre trois hauts responsables syriens soupçonnés d'être impliqués dans ces exactions.
Tortures, disparitions forcées, crimes contre l'humanité
L'ex-chef de la direction des renseignements généraux syriens, devenu directeur du bureau de la sécurité nationale et deux responsables du service de renseignement de l'armée de l'air sont visés par ces mandats d'arrêt décernés pour "complicité d'actes de tortures, complicité de disparitions forcées, complicité de crimes contre l'humanité, de crimes de guerre et de délits de guerre", a appris franceinfo de source judiciaire lundi, confirmant une information du journal Le Monde.
Les actes de décès des deux victimes, Mazen Dabbagh, employé du lycée français de Damas, et de son fils, figurent depuis le mois d'août 2018 parmi ceux publiés par le régime syrien, a précisé cette source judiciaire, qui indique aussi que la maison des deux hommes à Damas a été "réquisitionnée par des membres des services liés à leur arrestation".
C'est très important, le fait d'avoir émis ces trois mandats contre des dignitaires syriens les plus importants et dont certains sont responsables directs de la mort de mon frère et de mon neveu.
Obeida Dabbaghà franceinfo
"Non seulement ce sont des crimes contre l'humanité, de torture, poursuit Obeida Dabbagh, qui a porté plainte en 2013, mais ils ont aussi carrément exproprié la maison de ma mère, et la maison de Mazen qui habitait à l'étage au-dessus, et ils se sont installés." "Ce sont des méthodes expéditives, mafieuses. On tue la personne, on prend ses biens", ajoute Obeida Dabbagh.
Mazen Dabbagh "était une personne qui n'avait aucune activité politique, souligne-t-il. Comme toute personne humaine il était forcément contre ce qui se passait en Syrie, mais sans avoir d'activisme assez poussé. Si vous aidez les gens, si vous hébergez quelqu'un qui est recherché, cela peut conduire à votre fin." Une information judiciaire a été ouverte en octobre 2016 pour "disparitions forcées et tortures, constitutives de crimes contre l'humanité, et complicité de crimes".
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