"On trouve Bachar Al-Assad sur les pendentifs et les coques d'iPhone"
Le reporter de France 3 Alex Gohari a passé douze jours en Syrie. Il raconte le culte de la personnalité de Bachar Al-Assad mis en place par le régime.
ll ne reste que quelques jours à Bachar Al-Assad pour dévoiler son stock d'armes chimiques en Syrie et éviter des représailles occidentales. Alex Gohari, journaliste à la rédaction nationale de France 3, a passé douze jours à Damas et à Homs. Ses photos témoignent du culte de la personnalité mis en place par le régime autour du président syrien et de son père, Hafez Al-Assad.
Francetv info : Vous avez pris en photo, pendant votre séjour en Syrie, quelques portraits de Bachar Al-Assad parmi les dizaines que vous avez croisés. Comment cela s'est-il passé ?
Alex Gohari : Dès le premier jour, j'ai pris des photos dans les quartiers de Damas où nous pouvions travailler sous le contrôle du ministère de l'Information. Puis j'ai continué sur l'autoroute, entre Damas et Homs et dans l'université de Homs, discrètement, sans attirer l'attention des autorités locales.
Avez-vous l'impression qu'on cherche à imposer un culte de la personnalité ?
Oui, incontestablement. A la fois du père, Hafez, et du fils, Bachar Al-Assad. Dans les souks, on trouve beaucoup de photos, des bracelets, des pendentifs, des coques d'iPhone, des statuettes...
Existe-t-il des actions mises en place par la population ?
Dans le quartier alaouite de Damas, les commerçants placent spontanément des portraits sur les devantures des boutiques ou les balcons des appartements. Ils veulent montrer leur loyauté envers le pouvoir. Sur l'autoroute entre Damas et Homs, il y a de nombreux portraits, des affiches, mais qui sont mis en place par le régime et pas vraiment par la population. A Homs, ce sont les milices de défense des deux quartiers repris aux rebelles qui affichent des pochoirs avec la tête de Bachar. Et sur le mur anti-sniper, on trouve un gigantesque portrait d'Hafez, avec un message clair : "Les Assad vous protègent."
Avez-vous vu des graffitis favorables aux rebelles ?
Dans l'université de Homs où nous étions, dans les classes ou les amphithéâtres, il y a des photos de Bachar partout. Mais en y regardant de plus près, sur certains murs on aperçoit aussi des graffitis barrés et devenus illisibles. Quand nous avons interrogé le président de l'université, il a confessé qu'il existait "des hooligans comme partout". Traduisez : ces graffitis étaient bien favorables aux rebelles.
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