Syrie : le Conseil de sécurité de l'ONU se conclut sans accord
Les membres permanents du Conseil ne sont pas parvenus mercredi à s'entendre sur une résolution britannique justifiant une action armée en Syrie.
Impasse à l'ONU sur le dossier syrien. Les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Chine) ne sont pas parvenus à un accord, mercredi 28 août. Si Les Etats-Unis et leurs alliés, dont la France, semblent sur le point de lancer une action militaire contre le régime syrien, à l'Iran et la Russie, alliés de la Syrie, y sont toujours opposés. Moscou estime qu'il est "inopportun" de discuter de toute action du Conseil de sécurité de l'ONU tant que les inspecteurs des Nations unies n'ont pas présenté leur rapport sur l'usage d'armes chimiques. La Russie a réagi ainsi à la décision du Royaume-Uni de présenter une résolution "condamnant l'attaque chimique" du 21 août et "autorisant les mesures nécessaires pour protéger les civils".
De son côté, le président syrien, Bachar Al-Assad, peaufine l'image d'un homme serein et déterminé. Par ailleurs, les experts de l'ONU ont besoin de quatre jours pour terminer leur travail sur place, a déclaré mercredi le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.
En attendant leur rapport, francetv info liste les stratégies aiguisées par chacun.
Londres présente une résolution au Conseil de sécurité
Les ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité se sont réunis mercredi après-midi au siège de l'ONU, à New York (Etats-Unis), pour examiner un projet britannique de résolution sur la Syrie.
Le Royaume-Uni a présenté cette résolution pour donner une plus grande légitimité à une éventuelle frappe militaire contre le régime de Bachar Al-Assad. Mais finalement, dans la soirée de mercredi, le gouvernement britannique a annoncé qu'il ne lancerait pas d'action militaire en Syrie avant d'avoir eu connaissance des résultats des experts de l'ONU. "Le secrétaire général de l'ONU doit pouvoir s'adresser au Conseil de sécurité immédiatement après la fin de la mission de l'équipe", indique le texte.
Moscou toujours fermée à la discussion
Mais la Russie, alliée fidèle du régime syrien, a martelé qu'il fallait attendre le retour des enquêteurs de l'ONU, actuellement en Syrie, avant de discuter d'une résolution. "Discuter de toute réaction du Conseil de sécurité avant que les inspecteurs n'aient présenté leur rapport est pour le moins inopportun", a déclaré Vladimir Titov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères.
Lors de la réunion sur la résolution britannique, les Russes "ont répété les arguments de Serguei Lavrov", leur ministre des Affaires étrangères, sur les dangers d'une opération militaire, selon des diplomates. Depuis le début de la crise syrienne, en mars 2011, Moscou a mis son veto à trois projets de résolution occidentaux visant à faire pression sur Damas.
Washington précise le cadre d'une éventuelle action
De leur côté, les Etats-Unis ont estimé que le projet de résolution britannique en discussion au Conseil de sécurité de l'ONU n'allait probablement pas aboutir. "Nous n'avons aucune raison de croire que les efforts au Conseil de sécurité conduiraient à un résultat différent des efforts précédents, qui ont tous échoué", a déclaré Marie Harf, une porte-parole du département d'Etat. "Les Etats-Unis vont donc continuer leurs consultations et prendront des actions appropriées pour répondre dans les prochains jours", a-t-elle dit.
Les Etats-Unis fixent déjà le cadre d'une éventuelle future action militaire. Un haut responsable américain indique qu'elle ne sera pas "unilatérale", qu'elle "doit inclure [leurs] alliés internationaux", et qu'elles "pourraient durer plus d'un jour". Pour préparer le terrain de cette opération armée, Washington a pour la première fois explicitement montré du doigt Damas. Le vice-président Joe Biden a déclaré : "Les responsables de cet usage effroyable d'armes chimiques en Syrie ne font aucun doute : c'est le régime syrien".
La France se prépare aussi
Un Conseil de défense sur la situation en Syrie a eu lieu mercredi à l'Elysée, autour de François Hollande. Quatorze hauts responsables, dont le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et trois ministres, Laurent Fabius (Affaires étrangères), Manuel Valls (Intérieur) et Jean-Yves Le Drian (Défense), y ont participé. Ils ont "examiné les différentes options possibles".
Le chef de l'Etat veut "une réponse appropriée" à l'attaque chimique dont est accusé le régime de Bachar Al-Assad. Le Parlement sera réuni à ce sujet le 4 septembre en "session extraordinaire". Cela "ne préjuge aucunement" d'une intervention française, a toutefois précisé Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement.
Bachar Al-Assad cherche à donner l'image d'un homme serein
"Le président [Bachar Al-Assad] continue normalement ses activités et reçoit ses conseillers. Vous ne verrez pas chez lui de trace de fatigue, de lassitude ni de stress. Il cherche à montrer qu'il maîtrise la situation", a affirmé à l'AFP un homme d'affaires syrien en contact avec les cercles dirigeants du pays. "Au palais présidentiel, tout est calme mercredi et le travail se déroule normalement. Il n'y a aucune trace de nervosité. Il en va de même à l'état-major. Il se battra jusqu'au bout", a-t-il ajouté.
Autant de signes qui prouvent que le président Bachar Al-Assad veut donner l'image d'un homme serein et déterminé, alors qu'il affronte le plus grand défi de son règne. "Fini l'homme gauche, mal à l'aise, riant d'un air gêné comme ce fut le cas lors de son intervention au Parlement fin mars 2011. Aujourd'hui, il est bien plus sûr de lui et a plus de prestance", explique le même homme d'affaires. "Il écoute ses quelques conseillers, mais il prend seul les décisions", insiste un analyste à Beyrouth, sous couvert de l'anonymat.
Et Bachar Al-Assad laisse à son gouvernement le soin de multiplier les menaces. Ainsi, le Premier ministre syrien, Waël Al-Halqi, a prévenu mercredi les pays occidentaux que son pays serait le "cimetière des envahisseurs" en cas d'intervention militaire. "La Syrie (...) va surprendre les agresseurs comme elle les a surpris pendant la guerre [israélo-arabe] d'octobre [1973]", a-t-il indiqué à la télévision d'Etat.
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