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Syrie : quatre scénarios pour une intervention militaire

L'option d'une action militaire, pour répondre à l'usage présumé de gaz chimiques par le régime syrien, se précise. Francetv info détaille les options discutées. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Des militaires nettoient un bombardier de l'armée américaine, le 11 mai 2012 dans une base militaire du Missouri (Etats-Unis).  (SGT MARY-DALE AMISON / USAF / AFP)

"Nous, les Etats-Unis et d'autres pays comme la France, sommes très clairs sur le fait que nous ne pouvons pas permettre au XXIe siècle que des armes chimiques soient utilisées en toute impunité." Tout est dit. Comme l'a suggéré, lundi 26 août, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, l'idée d'une intervention militaire en Syrie est désormais envisagée par Washington, Londres et Paris pour répondre à l'usage présumé d'armes chimiques. Mais sous quelle forme ? 

1Un appui aux rebelles

Parmi les pistes étudiées, les Occidentaux réfléchissent à celle d'une aide aux opposants de Bachar Al-Assad. Autrement dit, les pays livreraient des armes aux rebelles, formeraient des troupes et apporteraient leur aide à la population. Cela passerait par l'établissement de zones tampons "le long des frontières avec la Turquie et la Jordanie", comme l'a expliqué le chef d'état-major des armées des Etats-Unis, Martin Dempsey. 

Selon Le Figaro, ce travail aurait déjà commencé en Jordanie. Le quotidien affirme que des combattants de l'Armée syrienne libre sont formés, en secret, à la guérilla par des commandos israéliens et jordaniens, ainsi que par la CIA. Des contingents de plusieurs centaines d'hommes auraient même franchi la frontière syrienne à la mi-août, en remontant par le sud. 

Les risques Pour les experts, cette option s'avère minimaliste. Le risque est de "laisser au régime de Bachar Al-Assad le contrôle de l'essentiel du territoire", sans que l'opposition parvienne à l'emporter, juge Anthony Cordesman, du Center for Strategic and International Studies (CSIS) cité par l'AFP. De plus, l'Europe, qui a levé l'embargo sur les armes pour l'opposition syrienne, rechigne à en envoyer de peur de les livrer aux mains des jihadistes, qui composent une partie de la rébellion. François Heisbourg, expert en affaires stratégiques, assure au Nouvel Observateur qu'"il y a nettement moins d'armes en circulation qu'il y a six mois (...) Les Saoudiens sont effrayés par la destination d'une partie des armes qataries et les Turcs ont adopté une position plus modérée dans le conflit"

2Des frappes punitives

Parmi les options militaires envisagées, celle d'attaques punitives ciblées semble recueillir le plus de suffrages, dont celui de Barack Obama qui souhaite une action courte. Et pour cause : le Washington Post (en anglais) assure que ce type d'opération ne durerait pas plus de deux jours. 

Il s'agirait cette fois de viser des cibles syriennes grâce à des missiles tirés depuis des bâtiments américains situés en Méditerranée. L'US Navy dispose désormais de quatre destroyers (le Gravely, le Barry, le Mahan et le Ramage), tous équipés d'une dizaine de missiles de croisière Tomahawk. Les alliés, dont la France, interviendraient en appui. D'après le Guardian (en anglais), du matériel militaire anglais est arrivé à la base militaire britannique d'Akrotiri, à Chypre, qui "pourrait devenir la plaque tournante de la campagne aérienne"

Plusieurs cibles sont évoquées, parmi lesquelles des dépôts de munitions et d'infrastructures stratégiques, ainsi que des sites de stockage de gaz toxiques. Trop "dangereux", juge toutefois Le Monde ; pour le quotidien, les missiles frapperaient plutôt les "lanceurs et l'aviation, voire les aéroports par lesquels les Iraniens ravitaillent leur allié".

Les risques Si cette action a le mérite d'être courte, elle n'est pas sans contrainte. Elle requiert d'abord "des centaines" de bombardiers et d'avions ravitailleurs, précise le chef d'état-major américain. Et "cela ne changera sans doute pas le cours de la guerre", juge le Washington Post (en anglais), rappelant que les combats en Syrie se font "ville contre ville, quartier contre quartier". Au sol, donc. S'ajoute à cela la question de probables représailles et surtout de dommages collatéraux pour la population. Les forces loyales à Assad étant ancrées dans les villes, il est possible que les frappes "aient l'effet inverse et conduisent à davantage de morts civiles", juge le journal.

3Une offensive aérienne

Plusieurs experts militaires, dont Arnaud Danjean dans Le Parisien (article payant), estiment que l'action militaire menée par Washington et ses alliés pourrait prendre la forme d'une "offensive aérienne plus générale". Ce que le New York Times (en anglais) appelle le "scénario kosovar". En 1999, l'Otan avait déclenché une série de frappes aériennes contre les forces serbes. Cette intervention, d'une durée de 78 jours, s'était faite sans mandat de l'ONU, où la Russie opposait son veto. 

Lundi, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a estimé "possible" une action militaire sans l'accord du Conseil de sécurité de l'ONU. Il a invoqué des motifs de "détresse humanitaire" pour la justifier. Un ex-ambassadeur américain explique dans les colonnes du New York Times que Barack Obama peut aussi invoquer "la violation du protocole de Genève de 1925, qui interdit l'usage de gaz toxiques".

Une chose est sûre : cette opération serait menée par une "coalition de volontaires", certains pays, à l'instar de l'Allemagne, étant peu prompts à s'engager dans une action armée. Parmi elle, la Turquie s'est engagée à donner son feu vert, même sans l'accord de l'ONU. Londres et Paris appuieraient, eux aussi, leur allié américain. 

Les risques Cette option, bien que mise sur la table, s'annnonce compliquée à gérer pour Barack Obama. De plus, "les Russes et les Chinois vont hurler à l'ONU, l'Iran va menacer de représailles", explique Arnaud Danjean. Surtout, cette opération pourrait avoir de graves conséquences pour la région et "déstabiliser les voisins comme le Liban" ou la Jordanie, conclut le New York Times.  

4Une intervention au sol 

De toutes les options, celle d'une action terrestre apparaît la plus improbable. Aucun pays ne souhaite s'y risquer. "Il faudrait envoyer plusieurs centaines de miliers d'hommes, certains disent près de 350 000 hommes. Comme disaient les Américains : 'Forget it !'", explique ainsi le chef d'état-major des armées, Edouard Guillaud, dans Le Parisien.

Surtout, ce scénario rime avec "bourbier", admet Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Interrogé par 20 Minutes, il explique : "Les Etats-Unis se sont enlisés en Irak et ils se retirent. Idem en Afghanistan. Il en va de même pour la France qui peu à peu rapatrie ses forces. Le risque (...) est trop grand pour les Occidentaux. Bachar a déjà prévenu qu’une intervention américaine se solderait par un nouveau Vietnam."

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