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La Russie regrette la levée de l'embargo européen sur la livraison d'armes aux rebelles syriens

L'embargo va expirer le 1er juin. "Trop peu, trop tard", a regretté l'opposition syrienne alors que la Russie a fraîchement accueilli l'annonce.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Un rebelle syrien pointe une mitrailleuse vers le ciel, à Idlib (Syrie), le 18 mai 2013. (ABDALGHNE KAROOF / REUTERS)

Faute de consensus entre les Etats membres de l'Union européenne, l'embargo européen sur les armes en Syrie expirera le 1er juin. "L'UE a décidé de mettre fin à l'embargo sur les armes pour l'opposition syrienne et de maintenir les autres sanctions contre le régime syrien" prises il y a deux ans, a annoncé le ministre des Affaires étrangères britannique William Hague, lundi 27 mai à Bruxelles, à l'issue d'une réunion avec ses 26 homologues. Francetv info résume les modalités d'application de cette décision et ses enjeux.

Quand les armes seront-elles livrées ?

Les rebelles syriens vont devoir patienter. Aucun pays n'a l'intention de leur livrer des armes dans les deux prochains mois. "C'est une levée théorique de l'embargo. Concrètement, il n'y aura pas de décision de livraison avant au minimum le 1er août", a de son côté indiqué à l'AFP un haut responsable français, ayant requis l'anonymat.

Un porte-parole des rebelles a réagi mardi, espérant que la levée par l'UE de l'embargo sur les armes se concrétise. "Trop peu, trop tard", a regretté l'opposition syrienne, de son côté.

Pourquoi temporiser ?

Les 27 ne veulent pas mettre en danger la conférence internationale Genève-2 sur le conflit. Organisée à l'initiative des Américains et des Russes, elle doit se tenir en juin. 

L'organisation d'une telle conférence de paix sur la Syrie n'est pourtant pas actée. Et la Russie a fraîchement réagi à la décision de l'UE. "Cela porte un préjudice direct à la possibilité d'organiser une conférence internationale", a dit le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, cité par l'agence Itar-Tass. La veille, le chef de la diplomatie russe a déclaré que cette levée d'embargo ne serait "pas une mince affaire", à l'issue d'un entretien à Paris avec son homologue américain, John Kerry.

Si le régime de Bachar Al-Assad a donné son "accord de principe" pour participer à Genève 2, l'opposition syrienne, réunie depuis jeudi à Istanbul, apparaît profondément divisée. Elle ne s'est pas encore prononcée sur sa présence.

Quel sens derrière cette décision ?

Cette levée de l'embargo "pourrait être un message utile à adresser à Assad" afin qu'il négocie sérieusement à Genève, a estimé le ministre des Affaires étrangères néerlandais, Frans Timmermans.

Même point de vue, officieux, du côté français. "C'est un signal très fort adressé à Bachar Al-Assad, écrit RFI, qui cite un haut responsable français. Mais pour l'instant, la levée de l'embargo reste théorique", souligne-t-il.

Mais toutes les autres sanctions, économiques et financières, restent en vigueur. C'est d'ailleurs pour éviter que l'ensemble du dispositif ne disparaisse que les plus sceptiques ont cédé à la pression conjointe de la France et du Royaume-Uni.

Que deviennent les autres mesures ?

"Toutes les autres sanctions, économiques et financières, restent en vigueur", note RFI. Mais elles n'ont pu se maintenir qu'au prix de discussions acharnées au sein des 27. "Seul le souci de maintenir une façade d'unité européenne a permis de sauver, dans la nuit, cette négociation mal engagée", écrit Le Figaro. Ainsi, l'Allemagne et les Pays-Bas "ont mis de l'eau dans leur vin" afin de préserver la cohésion de l'UE, poursuit le quotidien. Mais l'Autriche et la Suède se sont opposés jusqu'au bout à la levée de l'embargo.

D'après la radio, c'est "pour éviter que l'ensemble du dispositif [de sanctions] ne disparaisse que les plus sceptiques ont cédé à la pression conjointe de la France et du Royaume-Uni".

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