Syrie : des gaz toxiques ont-ils vraiment été utilisés ?
François Hollande évoque "'l'usage probable d'armes chimiques". De son côté, Washington "ne peut pas déterminer" si cela est avéré.
Le régime de Damas a-t-il eu recours à des armes chimiques lors d'un bombardement qui a fait près de 1 300 morts, mercredi 21 août ? Pour l'instant, la situation reste floue. La communauté internationale ainsi que les organisations de défense des droits de l'Homme réclament que les experts de l'ONU présents en Syrie vérifient sur place les accusations de l'opposition. Les dirigeants internationaux font preuve d'une prudence plus ou moins grande. Francetv info vous résume les positions des uns et des autres.
Ce que disent les médecins
"L'usage de l'arme chimique est avéré par de nombreux indices", a estimé Oubaida Al-Moufti auprès de francetv info. Ce médecin franco-syrien, porte-parole de l'Union des organisations syriennes de secours médicaux (UOSSM), est installé en France et est en contact direct avec ses confrères de Damas.
"D'abord quand les survivants arrivent et qu'on leur administre de l'atropine, la réponse est quasi immédiate [l'atropine est un antidote contre les effets des gaz toxiques]. Cela constitue un signe fort d'un traumatisme d'origine chimique. Ensuite, il y a les vidéos, qui nous sont envoyées par des gens de toute confiance : nous travaillons depuis deux ans avec eux. Et voir des femmes et des enfants couchés dans les rues ou les maisons sans grand signe apparent de destruction ne laisse guère de doutes", a-t-il expliqué.
Ce que dit la France
François Hollande a évoqué jeudi "l'usage probable d'armes chimiques" lors d'un entretien téléphonique avec le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, selon l'Elysée. Le chef de l'Etat "a fait part (au secrétaire général de l'ONU) de l'émotion suscitée en France par les massacres intervenus en Syrie dans la nuit du 20 au 21 août, et de l'usage probable d'armes chimiques", a écrit la présidence dans un communiqué.
"Il faut que très rapidement, les enquêteurs [de l'ONU] puissent aller sur place" pour en savoir plus sur les bombardements, a déclaré jeudi Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères sur BFMTV. Et "si les Syriens ne veulent pas, ça veut dire qu'ils sont pris la main dans le sac", a-t-il ajouté, plaidant dans ce cas pour "une réaction de force".
Ce que disent les Etats-Unis
"A l'heure actuelle, nous sommes incapables d'établir s'il y a eu recours à des armes chimiques", a déclaré jeudi la porte-parole du département d'Etat. Elle a ajouté que le président Barack Obama avait donné pour instruction aux services de renseignement américains de collecter toutes les informations et éléments de preuve nécessaires pour vérifier les allégations à ce sujet. Si les Etats-Unis concluaient que le régime syrien avait eu effectivement recours à ces armes chimiques, ce serait alors "une escalade flagrante et scandaleuse", a-t-elle poursuivi.
Ce que dit l'ONU
Les Nations unies ne se prononcent pas mais ont formellement demandé au gouvernement syrien d'autoriser les experts à enquêter sur place et "espèrent recevoir rapidement une réponse positive". Le secrétaire général Ban Ki-moon a aussi décidé d'envoyer à Damas sa Haute représentante pour le désarmement, Angela Kane. Lors d'une réunion urgente mercredi soir, le Conseil de sécurité a dit vouloir "faire la lumière sur ce qui s'est passé".
Ce que dit la Russie
Fidèle du régime de Damas, Moscou s'est bornée à dire par la voie d'un porte-parole de son ministère des Affaires étrangères que des civils avaient été tués par une "roquette artisanale chargée d'un agent chimique non identifié". La Russie a indiqué voir dans ce drame une "provocation" probable des forces d'opposition pour faire accuser le président syrien, Bachar Al-Assad. Moscou a appelé son allié et les Nations unies à se mettre d'accord pour que les experts en armes chimiques de l'Onu puissent se rendre sur le site des bombardements.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.