Syrie : la décision d'Obama de consulter le Congrès est-elle risquée ?
Le président américain a finalement décidé, à la surprise générale, de demander aux parlementaires leur autorisation pour un recours à la force contre le régime de Bachar Al-Assad.
"Il n'y aura pas d'intervention en Syrie ce week-end." A la surprise générale, Barack Obama a annoncé samedi 31 août qu'il allait demander au Congrès américain son autorisation pour frapper le régime du président syrien Bachar al-Assad.
La Maison Blanche a ainsi envoyé au Congrès un projet de résolution autorisant le président américain à user de la force pour empêcher l'utilisation ou la prolifération d'armes chimiques. La Chambre des représentants et le Sénat débattront chacun en séances plénières à partir du lundi 9 septembre. Un pari risqué. Francetv info vous explique pourquoi.
Obama prend le risque d'apparaître indécis et hésitant
Ce changement de direction soudain traduit la volonté de gagner du temps et des soutiens avant de s'engager dans ce conflit. Mais Barack Obama prend ainsi le risque d'apparaître indécis et hésitant dans sa gestion des conflits internationaux. Il avait déjà été accusé de "tergiverser" par l'ancien vice-président républicain Dick Cheney en 2009 lorsqu'il avait évalué des semaines durant un renforcement du contingent en Afghanistan.
Mais... Barack Obama a tenté de se prémunir contre ces critiques en assurant que l'armée lui avait indiqué que "notre capacité à effectuer cette mission n'est pas tributaire du temps". En outre, selon son équipe, remettre le Congrès dans le jeu, une formalité à laquelle le président lui-même - sur la Libye en 2011 - et nombre de ses prédécesseurs se sont soustraits, est cohérente avec son souhait de ne pas faire tomber les Etats-Unis dans un état de "guerre perpétuelle", comme il l'avait dit le 23 mai en recadrant sa stratégie antiterroriste.
Selon certains responsables, voir une action militaire en Syrie validée par le pouvoir législatif américain pourrait aussi décider davantage de partenaires internationaux des Etats-Unis à apporter leur soutien. Et ce alors que la "relation spéciale" Washington-Londres a subi un grave revers avec le rejet d'une intervention par le Parlement britannique.
L'issue du débat au Congrès est incertaine
Plus de 170 parlementaires républicains et démocrates avaient réclamé avec insistance cette consultation. Mais leurs positions respectives, sur le bien-fondé ou non des frappes, sont difficiles à cerner, les élus étant éparpillés dans tout le pays à la faveur des congés estivaux. Nul doute que de nombreux républicains, majoritaires à la chambre des représentants, rechigneront à soutenir politiquement Barack Obama. Certains faucons comme les sénateurs républicains John McCain et Lindsey Graham ont d'ores et déjà averti qu'ils voteraient contre toute résolution trop timorée, qui ne viserait pas à ébranler le pouvoir de Bachar al-Assad.
Mais... Barack Obama dispose du soutien sans faille de plusieurs importants élus démocrates, qui ont la majorité au Sénat. L'issue du vote reste malgré tout incertaine car la question d'une intervention en Syrie transcende les lignes partisanes. Une coalition du "non" a ainsi émergé entre certains démocrates et des républicains alignés avec le Tea Party. L'issue du vote "peut être problématique dans les deux chambres", a prévenu sénateur républicain Bob Corker, recommandant à Barack Obama de dépenser "immédiatement toute son énergie pour convaincre les Américains".
L'administration américaine s'est toutefois conservée une porte de sortie en assurant que Barack Obama n'avait pas renoncé à agir unilatéralement si le Congrès décidait de rejeter une intervention.
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