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Syrie : les Etats-Unis engrangent des soutiens internationaux

Washington a cherché à convaincre de la nécessité d'une frappe en Syrie, avant l'ouverture au Congrès américain du débat sur une intervention militaire.

Article rédigé par franceinfo
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Le président américain Barack Obama, le 4 septembre 2013 à Stockholm (Suède), lors d'une visite officielle. (JEWEL SAMAD / AFP)

Le projet d'intervention militaire contre la Syrie a pris un peu plus corps, dimanche 8 septembre. Les Etats-Unis ont poursuivi leur offensive diplomatique pour convaincre de la nécessité de frapper le régime de Bachar Al-Assad qu'ils accusent d'avoir perpétré une attaque à l'arme chimique près de Damas, le 21 août.

Avec le soutien actif de Paris, Washington a engrangé des soutiens précieux, avant l'ouverture, lundi, au Congrès américain, des débats sur cette action armée. Retour sur les événements de ce week-end.

Un consensus international esquissé

Vendredi, lors du G20 à Saint-Pétersbourg (Russie), onze pays signent un appel en faveur d'une "réponse forte" à l'emploi d'armes chimiques. Un peu court pour les tenants d'une intervention, qui semblent isolés.

Mais samedi, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne réunis à Vilnius (Lituanie) arrêtent une position commune. Dans un communiqué, ils déclarent qu'une réponse "claire" et "forte" s'impose après l'attaque toxique. Ils jugent que tout semble indiquer que le gouvernement syrien en est responsable. Mais ils ne vont pas jusqu'à accepter le principe d'une opération militaire sans l'aval des Nations unies.

Parmi les signataires, l'Allemagne. Pour se justifier de cette réponse tardive, la chancelière Angela Merkel a jugé la déclaration au G20 empressée. "Je ne trouve pas cela correct que cinq grands pays se mettent d'accord sur une position commune, sans les 23 autres qui ne peuvent pas être là, tout en sachant que 24 heures plus tard les 28 se retrouveront autour d'une table", explique-t-elle dimanche.

Dimanche, le secrétaire d'Etat américain John Kerry, déjà présent à Vilnius pour expliquer le point de vue des Etats-Unis, s'entretient à Paris avec plusieurs ministres de la Ligue arabe. Il indique que tous sont d'accord pour dire que le président syrien a franchi "une ligne rouge" en employant des armes chimiques.

La détermination franco-américaine renforcée

Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, se félicite, dimanche sur France 3, de ces soutiens politiques. Mais il l'assure, Paris et Washington n'ont "pas besoin" de l'engagement militaire de tous les pays européens pour intervenir en Syrie.

Outre-Atlantique, le Pentagone prépare déjà les frappes. Elles seront plus longues et plus intenses que prévu, rapporte dimanche le Los Angeles Times. Deux officiers y affirment que les stratèges américains optent désormais pour un barrage massif de tirs de missiles, suivi rapidement par d'autres attaques sur des cibles manquées ou non détruites après l'attaque initiale. Le tout pendant 72 heures. Selon les deux officiers, la Maison Blanche a demandé une liste d'objectifs élargie pour inclure "beaucoup plus" que la liste initiale d'environ 50 objectifs.

Les voisins de la Syrie sur le qui-vive

Israël et la Turquie redoutent les représailles du voisin syrien en cas de frappes internationales. Israël a déployé une batterie antimissile à l'ouest de Jérusalem, dimanche. A la fin du mois d'août, des batteries du bouclier antimissile Iron Dome avaient déjà été déployées à Tel-Aviv, en direction de la Syrie au nord. Selon les médias israéliens, six à sept batteries seraient actuellement en place à travers le pays. La Turquie, elle aussi, a renforcé son dispositif de défense avec des batteries de missiles sol-air Stinger et des renforts positionnés ces derniers jours à la frontière syrienne.

Des éléments pour la défense d'Assad

Alors que les services de renseignement français et américain apportent les preuves de la responsabilité du régime syrien dans l'attaque chimique meurtrière du 21 août dans les faubourgs de Damas, des écoutes de l'armée allemande, révélées par Bild, dimanche, indiquent que Bachar Al-Assad n'a vraisemblablement pas approuvé cette opération personnellement.

De hauts gradés de l'armée syrienne "réclament régulièrement depuis environ quatre mois des attaques chimiques au palais présidentiel à Damas" mais "ces demandes ont été toujours refusées", écrit le Bild am Sonntag. L'édition dominicale du quotidien populaire s'appuie sur des écoutes effectuées par un navire espion de l'armée allemande, stationné près des côtes syriennes.

Détermination mais prudence donc de la part des Etats-Unis et de la France. Le secrétaire général de la Maison Blanche a reconnu, dimanche sur CNN, que les frappes présentent des risques "multiples", notamment celui "de se retrouver traîné au milieu d'une guerre civile", comme celui de faire face à des représailles.

En outre, face aux réticences exprimées par de nombreux pays et par les opinions publiques, les Etats-Unis n'ont pas exclu dimanche de revenir vers le Conseil de sécurité des Nations unies pour tenter d'obtenir le vote d'une résolution sur la Syrie, après la publication du rapport des inspecteurs de l'ONU sur l'attaque chimique présumée du 21 août. François Hollande s'est également dit favorable à ce que le Conseil de sécurité soit une nouvelle fois saisi, malgré le veto prévisible de Moscou et Pékin.

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