Syrie : Hollande estime que "l'Union européenne s'est rassemblée"
Les Européns se sont accordés sur la nécessité d'une réponse internationale "forte" à l'utilisation d'armes chimiques mais sans aller jusqu'à soutenir le projet de frappes défendu par les Etats-Unis et la France.
Les Etats-Unis et la France ont affiché leur satisfaction, samedi 7 septembre, d'avoir obtenu plusieurs appuis politiques importants sur le dossier syrien : ceux de la moitié du G20 et de l'Union européenne. Mais Barack Obama et François Hollande ne les ont cependant pas ralliés à leur projet de frapper militairement le régime de Bachar Al-Assad. Francetv info revient sur ces avancées diplomatiques.
Les Européens affichent leur unité
Les pays membres de l'Union européenne se sont enfin accordés sur une position commune, mais sans aller jusqu'à soutenir le projet de frappes.
Les ministres des Affaires étrangères de l'UE, réunis à Vilnius (Lituanie) samedi, sont tombés d'accord sur la nécessité d'une réponse "forte". La formule est suffisamment vague pour satisfaire les 28, aussi bien la France qui défend la même position que les Etats-Unis, que ceux, plus nombreux, réticents à un engagement militaire sans l'aval de l'ONU.
Les pays européens les plus prudents se sont d'ailleurs déclarés très satisfaits par l'engagement pris vendredi par François Hollande d'attendre la publication du rapport des experts de l'ONU avant d'engager la France dans une opération militaire. "Cela a permis de débloquer les discussions", a souligné un diplomate.
Les Européens sont aussi d'accord pour dire qu'il existe de "fortes présomptions" sur la responsabilité du régime de Bachar Al-Assad dans le massacre de centaines de civils au moyen d'armes chimiques le 21 août et sur le fait que les auteurs doivent être traduits devant la Cour pénale internationale.
La chancelière allemande Angela Merkel a salué la position européenne la jugeant d'une "importance inestimable". John Kerry, qui s'était déplacé à Vilnius pour expliquer la position de Washington, a également exprimé sa satisfaction.
La Russie campe sur ses positions
Pour le président russe Vladimir Poutine, la culpabilité de Damas dans l'attaque chimique du 21 août n'est pas établie. Le principal soutien de Bachar Al-Assad depuis le début de la guerre civile a profité du G20 qui s'est tenu à Saint-Pétersbourg (Russie) pour annoncer, vendredi, qu'elle continuerait à soutenir son allié, même en cas de frappes.
"Vous voulez savoir si nous aiderons la Syrie ? Nous le ferons comme nous le faisons actuellement. Nous lui livrons des armes, nous collaborons dans le domaine économique", a déclaré Vladimir Poutine selon l'agence officielle Ria Novosti.
Douze pays signent un communiqué a minima
Faute d'un accord commun, bloqué par la Russie, douze pays ont signé un communiqué sur la Syrie. L'Australie, le Canada, la France, l'Italie, le Japon, la Corée du Sud, l'Arabie saoudite, l'Espagne, la Turquie, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l'Allemagne appellent à une "réponse internationale forte" après l'attaque chimique, "afin d'envoyer un message clair pour que ce genre d'atrocités ne se répète pas". A la surprise générale, l'Allemagne a décidé samedi de se joindre à l'appel lancé la veille par onze pays présents au G20.
Si la nature de la "réponse" n'est pas spécifiée, le texte estime cependant que la responsabilité du régime de Bachar Al-Assad est "clairement" établie dans cette affaire. L'option militaire n'est pas clairement évoquée dans l'appel, mais les signataires jugent quand même que "le monde ne peut pas attendre indéfiniment".
Hollande et Obama poursuivent leur effort diplomatique
Jusque là en première ligne sur le dossier syrien mais isolé avec son allié américain, François Hollande s'est félicité de ces avancées diplomatiques. "L'Europe s'est rassemblée", a déclaré le chef de l'Etat, samedi, en marge des Jeux de la Francophonie à Nice (Alpes-Maritimes). Le président a promis de s'adresser "à la fin de la semaine prochaine" aux Français, après le vote du Congrès américain.
Outre-Atlantique, Barack Obama a lancé un appel aux membres du Congrès américain pour qu'ils approuvent le principe d'une opération armée. "Nous sommes les Etats-Unis. On ne peut pas rester aveugle devant les images de Syrie que nous avons vues", a-t-il dit dans son allocution hebdomadaire à la radio.
Comme son homologue français, le président américain tente de convaincre des élus sceptiques et une opinion publique divisée. Barack Obama s'adressera mardi au peuple américain. Il a déjà promis qu'une intervention militaire serait limitée, "à la fois dans le temps et dans l'ampleur". "Ce ne serait pas un autre Irak ou un autre Afghanistan", a-t-il déclaré.
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