Syrie : "Les Occidentaux cherchent une légalité incontestable"
Alors qu'une intervention en Syrie paraissait imminente, les Occidentaux semblent marquer le pas dans la réponse à l'attaque chimique du 21 août. L'analyse du spécialiste défense de France 3, Pierre Babey.
Y aura-t-il une intervention des alliés occidentaux en Syrie ? Jeudi 29 août à midi, le ministère de la Défense français a refusé de commenter les mouvements de bâtiments de la Marine à Toulon (Bouches-du-Rhône), alors qu'une frégate de défense aérienne a quitté le port dans la matinée. Message officiel : les armées se mettent toujours en situation de répondre à une demande du président de la République, a indiqué brièvement Jean-Yves Le Drian. Une façon d'éviter d'évoquer d'éventuels préparatifs militaires pour une opération contre le régime de Bachar Al-Assad. Mais il y a une évidence : les responsables français veulent à tout prix placer une intervention sous une légalité internationale incontestable.
Comment ? A défaut d'un accord unanime du Conseil de sécurité de l'ONU pour une mise en œuvre du chapitre VII, concernant une action en cas de menace de la paix, la légalité peut découler de l'application du protocole de Genève, qui proscrit les armes chimiques depuis le 17 juin 1925 (!). Ce texte a été ratifié par la Syrie en 1968. Il n'interdit pas la mise au point ou le stockage d'armes chimiques, mais en proscrit l'utilisation. Dans ce cas, le secrétaire général de l'ONU peut enquêter en cas d'allégation d'utilisation. Ce sont les preuves de cette utilisation que recherchent actuellement les enquêteurs de l'ONU à Damas.
C'est donc très logiquement après examen des preuves que pourrait s'enclencher une action militaire légitimée par le protocole de Genève. Le calendrier d'une intervention est en fait celui des enquêteurs : ils comptent quitter Damas samedi 31 août en fin de journée, déposer leurs conclusions à partir de dimanche. Et laisser ensuite les responsables internationaux lancer (ou non) une action de vive force.
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