Royal Baby : j'attends sa naissance depuis quinze jours (et je commence à craquer)

Lundi 14 avril, j'ai accepté d'être adoubée "journaliste détachée sur le Royal Baby". Le contrat consistait à suivre l'actualité de la famille royale pendant les quelques jours précédant la naissance du deuxième enfant de la duchesse de Cambridge, Kate, et du prince William. A l'annonce de l'heureux événement, je devrais sauter dans l'Eurostar et me joindre aux célébrations. La perspective d'un reportage gai et réjouissant. Un sujet léger et fun, l'opportunité de festoyer avec les Londoniens. Sans mentir, l'offre sonnait comme des vacances.

Sauf que Kate, annoncée à son terme tantôt le 23, tantôt le 26 avril, n'a toujours pas donné naissance à l'enfant tant attendu. Certes, rien de dramatique là-dedans, mais à l'aube du mois de mai, mon enthousiasme de néo-Royal Watcher s'est changé en angoisse profonde. 

Au début, j'étais à fond, j'essayais de convaincre mes chefs de m'envoyer à Londres sur-le-champ 

"Mais vous vous rendez compte, on est déjà le 23 avril ! L'accouchement est imminent, voyons ! C'est là ! Tout de suite, maintenant ! Mais si !" Ils me disaient de calmer ma joie en utilisant de savantes techniques de persuasion. Comme "l'air impassible".    

J'ai insisté pendant une semaine, sans interruption

Tous les matins en conférence de rédaction, j'y croyais. Mais ils sentaient que le bébé prendrait son temps. 

Par exemple, dès samedi soir, j'ai renoncé à sortir, persuadée que Kate accoucherait le lendemain matin tôt

Et, depuis, c'est un peu comme ça tous les soirs. 
 

Si je sors, de toute façon, je parle de l'utérus de Kate à tout le monde, tout le temps

"Hey 'bidule', on va boire un verre ce soir ? Je te raconterai tout ce que je sais sur la famille royale depuis l'ère victorienne !"

Le pire, c'est que l'annonce de l'hospitalisation de Kate doit se faire via le compte Twitter de Kensington Palace

Potentiellement, elle peut se faire à tout moment. Dès que le palais publie un tweet, je fais un bref arrêt cardiaque.

Parfois, ce compte retweete des messages datant de la naissance de George, en 2013, juste pour jouer avec nos nerfs

Sérieusement, quel genre de monstre est ce community manager ? 

Sur les réseaux sociaux, j'observe toute une bande de fans dévouées de Kate. Je compatis tellement avec elles

Certaines vivent aux Etats-Unis et au Canada et se lèvent au milieu de la nuit pour prendre des nouvelles du Royal Baby. Vu de loin, c'est ridicule, mais, en apprenant à les connaître, c'est plutôt admirable. Quant aux journalistes contraints de passer la semaine à surveiller une porte : compassion totale.

 Je souffre moins qu'eux, même si ça fait une semaine que je trimballe partout mon sac de voyage "au cas où"...

Au début, c'est marrant, ça fait "vacances". Et au bout d'un moment...

... et qu'une fois au bureau, je lis des articles sur les coliques de George et le gynécologue de la reine Elizabeth II  

Chaque soir, je rentre chez moi avec ce même sac, chargé de l'insoutenable poids de mon impatience

Allez, Kate.

Je suis tétanisée à l'idée de rater l'annonce de son hospitalisation

Je ne dors pas super bien. 

Je ne vais pas mentir, il y a des petits moments de joie

Comme quand je suis tombée sur le compte Twitter d'un plot installé devant la porte de la maternité. Les Royal Watchers projettent de créer un compte pour la porte de l'hôpital aussi. Pour pouvoir la brancher avec le plot. C'est mignon, non ? Un plot ! Amoureux d'une porte ! Sur internet !

Et de l'exaspération, quand mes collègues et mes amis me demandent : "C'est pour quand, alors ?"

Je ne sais pas. Le 4 mai ? Le 8 septembre ? Qu'est-ce que ça peut te faire ? C'est le tien ?

Et soudain, je repense à ce que j'ai dit à un ami qui pendait sa crémaillère, le 24 avril : "Ecoute, je ne te promets rien, je serai sûrement à Londres"

Genre. 

Le 30 avril, une rumeur sur le net parlait d'un accouchement au plus tard le 15 mai 

Deux semaines de plus à attendre l'arrivée d'un bébé qui n'est pas dans mon propre ventre ?

Quoi qu'il en soit, j'ai dû annuler des plans prévus de longue date, à cause de ce bébé en retard

Je sais, ce sont les aléas du métier, rien de grave. Mais bon, tu devais arriver fin avril Baby Cambridge. FIN AVRIL ! Pense à mes billets Prem's. 

Je commence à m'inquiéter sérieusement pour les fans et les journalistes qui poireautent devant la maternité tout ce temps

J'ai peur de les retrouver dans un état proche de la décomposition.  

Je n'en peux plus de voir tout le monde s'exciter parce qu'on a entendu des sirènes, ou que des cônes supplémentaires ont été installés dans la rue

Je n'y crois plus. C'est terminé.

Mais on sera là pour ta naissance, Royal Baby ! Qu'importe les obstacles à franchir

Tu ne me briseras pas. 

Alors, à très bientôt (j'espère)

En tout cas, je suis prête.