"Il a vraiment fait campagne contre la pollution" : Charles Dickens, écrivain du 19e siècle et écolo avant l'heure, raconté dans une exposition à Londres
Le "fog", ce brouillard londonien, n'est pas seulement un élément de décor dans l'œuvre de Charles Dickens (1812-1870), c'est un véritable personnage. Dans La Maison d'Âpre-Vent, Un Chant de Noël, ou encore Le Magasin d'antiquités, l'écrivain britannique donne toujours une place au "pea souper", comme on l'appelait à l'époque, "la purée de pois".
Ce brouillard, parfois nuage de pollution, est au centre de l'exposition A Great and Dirty City : Dickens and the London Fog ("Une ville grande et sale : Dickens et le fog londonien"), à voir jusqu'au 22 octobre au musée Dickens de la capitale londonienne.
Une purée bien peu appétissante, puisque Dickens la décrit noire, jaune, lourde, dense, étouffante... Il raconte ce "fog" effrayant qui vient pincer les orteils des enfants frigorifiés. Une brume qui n'avait rien de naturel, qui émanait déjà à l'époque victorienne des fumées des usines et surtout des cheminées et des poêles individuels, seuls chauffages bon marché pour une population en pleine expansion.
"L'environnement malsain" des ouvriers
Des années avant les questions du dérèglement climatique, Charles Dickens alertait alors sur un danger très concret dans des articles de presse, raconte Frankie Debicki, la conservatrice du musée : "L'un d'entre eux s'appelle 'Spitalfields' et parle de ce quartier de l'est de Londres au 19e siècle. C'est là qu'étaient basés les ouvriers du textile. Dans ce texte, il décrit l'environnement malsain dans lequel ils vivent, à cause de la fumée. En ce sens, il a vraiment fait campagne contre la pollution", assure-t-elle.
Il faudra attendre 1952 - 82 ans après la mort du père d'Oliver Twist - pour qu'une loi mette un terme à l'utilisation du charbon pour le chauffage personnel au Royaume-Uni. À l'époque de Dickens, le législateur craignait la réaction de la population si elle était privée d'un moyen simple et bon marché pour chauffer la maison. Comme une préfiguration des crises énergétique et climatique que nous vivons aujourd'hui.
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