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Reportage Mort d'Elizabeth II : "Je n'oublierai jamais ce moment", à Édimbourg, les Écossais se rendent auprès du cercueil de la reine pour un dernier hommage

Le cercueil d'Elizabeth II est présenté depuis lundi après-midi aux Écossais en la cathédrale Saint-Gilles d'Édimbourg, où ils peuvent lui rendre un dernier hommage avant que la dépouille de la reine ne prenne mardi le chemin de Londres.

Article rédigé par Théo Uhart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Une petite partie de la file d'attente pour accéder à la cathédrale Saint-Gilles où se trouve le cercueil d'Elizabeth II ce 12 septembre. (THEO UHART / FRANCEINFO)

"J'ai pris deux grandes respirations et je suis rentrée. J'ai fait une révérence devant le cercueil et je suis ressortie", raconte Sheila, uniforme militaire sur les épaules, ses médailles et celles de son père sur sa poitrine. "C'est une façon de faire rentrer la famille avec moi", explique celle qui a attendu toute la journée du lundi 12 septembre pour pénétrer dans la cathédrale Saint-Gilles, à Édimbourg, et rendre un dernier hommage à celle qui fut aussi "sa patronne" lorsqu'elle était dans l'armée : Elizabeth II.

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Le cercueil de la reine, qui est arrivé dimanche à Édimbourg, a en effet été escorté lundi du palais royal d'Holyroodouse jusqu'à la cathédrale de la ville par le nouveau roi Charles III, entouré par ses frères et sœur. Là, une messe a eu lieu, retransmise sur écran géant dans un parc de la ville, avant que la cathédrale ne soit ouverte au public. Les Écossais vont défiler toute la nuit devant le cercueil, gardé par quatre archers royaux et au-dessus duquel trône la couronne d'Écosse, avant qu'il ne prenne mardi le chemin vers Londres. 

"C'était un grand honneur."

Pour espérer être dans les premiers, il fallait être là bien tôt : Sheila est arrivée autour de 7 heures lundi matin, soit plus de dix heures d'attente. "Et j'attendrai deux fois plus, juste pour marcher une dernière fois près de Sa Majesté, assume-t-elle. C'était un grand honneur." Jane et Paul ont eux roulé quatre heures pour arriver à Édimbourg et, pour eux non plus, l’attente n’est pas un problème :

"Elle a sacrifié sa vie entière pour le pays, on peut lui donner une journée."

Jane et Paul

à franceinfo

Christel aussi a patienté toute la journée pour quelques minutes à l'intérieur de la cathédrale et quelque secondes devant le cercueil. Elle voulait "présenter ses respects à la reine une ultime fois". "C'est un moment que je n'oublierai jamais", dit cette Écossaise. Ann sort de la cathédrale juste après elle et qualifie le moment "d'irréel". "Je n'ai pas de mots, c'est... Vous savez, je crois que l'Écosse l'a fait très pro pour ces derniers jours sur le territoire", estime-t-elle, des sanglots dans la voix, la gorge serrée. 

"J'ai pu la remercier pour ses années de service et faire un dernier salut", ajoute un peu plus loin Alan, lui aussi dans les premiers à avoir pu approcher le cercueil royal. Chacun dans la file garde en mémoire une image de la reine. Pour lui, ce sera son éternel sourire, quand d'autres préfèrent se souvenir de sa dignité lors de l’enterrement de son mari. Certains ont une anecdote à raconter, du simple croisement de regard à une discussion à bâtons rompus avec la monarque autour de l’équitation.

Sheila s'est levée très tôt et a attendu plus de dix heures pour être l'une des premières à approcher le cercueil d'Elizabeth II pour un dernier hommage. (THEO UHART / FRANCEINFO)

Une file d'attente de plus de deux kilomètres

Tous ces lève-tôt ont été rejoints en fin de journée par celles et ceux qui ont assisté à la procession du cercueil de la reine dans l’après-midi, créant une immense file d’attente au cœur d’Édimbourg. Longue de plus de deux kilomètres, elle traversait en fin d'après-midi la moitié de la ville. Helen et Gary, nés "l'année de son couronnement", sont eux plutôt vers la fin de la file, mais cela ne va pas les décourager. Le couple est prêt à patienter une large partie de la nuit pour cette reine "qu'ils respectaient beaucoup". Alors ils ont tout prévu : dans leur sac à dos, des barres énergétiques et du gâteau, détaille malicieusement Helen.

Eux ont adopté une autre stratégie : Harvey, Paul, Steven et Ronnie habitent près de Glasgow. Ces "loyalistes" sont venus en train lundi matin pour assister à l'arrivée de Charles III puis à la procession jusqu'à la cathédrale. Ensuite, ils sont rentrés chez eux et comptent revenir au milieu de la nuit, pour éviter au maximum de faire la queue : "On devra peut-être attendre une heure ou deux mais ce n'est pas grave." En apprenant la nouvelle, c'est Harvey, 20 ans, qui a été le plus "dévasté" . "Elle était comme un membre de la famille, elle est là depuis toujours. Et elle est un modèle pour beaucoup", déclare ce jeune écossais. 

Même après sa mort, Elizabeth II aura donc réussi à rassembler des foules immenses en Écosse, alors que le pays se questionne sur son indépendance. Et la longueur de cette file d'attente en dit long sur l'affection que lui portait le peuple écossais. C’est peut-être un record de plus pour une reine qui en détient déjà tant. C’est certainement, depuis la France, un mystère de plus dans cette relation si particulière qu’entretiennent les Britanniques avec celle qui fut leur reine pendant 70 ans, et à qui ils disent au revoir comme ils le feraient avec un membre de leur famille.

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