: Témoignages Funérailles d'Elizabeth II : "Un exemple", "une inspiration", "une grand-mère"… Des sujets de Sa Majesté racontent "leur" reine
Qu'ils soient jeunes ou âgés, quels que soient leur genre ou leurs origines, les Britanniques étaient nombreux à admirer leur souveraine. Franceinfo les a interrogés sur le souvenir qu'ils garderont d'Elizabeth II.
Ils s'appellent David, Liam, Sandra, Millie, Nkité, Peter… Ils ne connaissaient pas Elizabeth II, mais ils en parlent avec admiration, respect et, surtout, tendresse. Alors que les Britanniques disent adieu à leur reine, à l'occasion de ses funérailles, lundi 19 septembre, franceinfo a recueilli le témoignage de quelques sujets de Sa défunte Majesté.
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David, 32 ans : "Elle a su trouver les mots pour nous redonner du courage"
"Je me souviendrai toujours du discours qu'elle a prononcé au début de la crise du coronavirus, en avril 2020. Mon fils venait de naître. Nous étions enfermés à la maison ma compagne et moi avec un nouveau-né, sans savoir quand, ni même si nous pourrions revoir nos familles. Tout le pays était devant sa télévision. Elle est apparue dans tous les foyers et a su trouver les mots pour nous redonner du courage. Les mots que j'avais besoin d'entendre à ce moment-là, en tout cas : "Nous nous retrouverons." A ce moment de notre histoire collective où personne ne comprenait ce qu'il se passait et où tous nos repères avaient disparu du jour au lendemain, la voir et l'entendre nous a rassurés et je n'imagine pas quelqu'un d'autre être capable d'avoir un tel impact sur le moral de tout le pays. Mon fils ne se souviendra pas d'elle, il est encore trop jeune pour cela, mais c'est important pour moi – comme pour beaucoup de gens – de l'emmener ici, en famille, avec mon beau-frère et ses cousins, pour qu'il assiste à l'histoire en train de s'écrire."
Nkité, 44 ans : "Un exemple pour toutes les femmes"
"Je suis inspirée par sa résilience. C'est une personne qui a travaillé jusqu'à son dernier jour. Deux jours avant de mourir, elle rencontrait la nouvelle Première ministre, Liz Truss, et faisait son travail avec un sens du devoir remarquable. J'ai grandi au Nigeria, où nous avons aussi beaucoup de respect pour Elizabeth II. La voir travailler comme ça, s'investir dans les activités caritatives, assurer un rôle diplomatique, représenter le pays à travers le monde, etc., est une source d'inspiration, surtout pour les femmes. Elles voient que non seulement elle est à la hauteur, mais qu'elle a accompli sa mission encore mieux que ne l'aurait fait un homme. Ce sont ces valeurs de travail et ce sens des responsabilités que je retiens surtout. Ma fille est trop petite pour être ici avec moi, mais c'est en insistant sur ces qualités que je lui parlerai de la reine. Après tout, nous n'aurons pas de femme sur le trône avant plusieurs générations. Parce qu'elle est un modèle pour les femmes, nous entretiendrons sa mémoire."
Harrison et Millie, 20 ans : "La grand-mère de tous les Britanniques"
Harrison : "L'image que je garderai d'elle, c'est son apparition lors de la cérémonie des Jeux olympiques, à Londres, en 2012. La séquence du saut en parachute avec Daniel Craig en James Bond, pour mettre en scène son arrivée dans le stade, était très drôle. Cela nous a montré qu'elle ne se prenait pas toujours au sérieux. Je crois que tout le monde l'a trouvée cool ce jour-là. Elle était un peu la grand-mère de tous les Britanniques. Et aujourd'hui, ma propre grand-mère, qui n'a pas pu se déplacer, m'a transmis un petit mot pour que je le dépose au mémorial. Elle y adresse ses remerciements et lui dit qu'elle peut désormais se reposer avec le sentiment du devoir accompli."
Millie : "Pour ma part, je me souviens du jour où la reine a rendu visite à l'hôpital aux victimes de l'attentat de Manchester. La plupart d'entre elles étaient des jeunes filles et ça m'a touché qu'elle aille à leur chevet après cette attaque horrible."
Sandra, 70 ans, et Maureen, 77 ans : "Un charisme indéniable"
Sandra : "Nous sommes voisines avec Maureen. Ce matin, nous avons pris le bus depuis le Derbyshire (près de Manchester) pour venir rendre hommage à la reine. Depuis une dizaine d'années, ma famille et moi allons tous les ans à la capitale pour le 'Salut aux couleurs', le défilé militaire qui célèbre l'anniversaire du souverain, au mois de juin. A part quand le défilé a été annulé en raison du Covid-19, nous venions pour apercevoir la reine, car nous nous doutions qu'au fil des ans, les chances que ce soit la dernière fois étaient de plus en plus grandes. Dans mon souvenir, elle restera cette petite silhouette, toute menue. Il y avait quelque chose d'impressionnant dans ce contraste entre ce rôle, ce statut de monarque qui lui conférait une prestance et un charisme indéniables, et ce physique frêle. Cela m'a frappée l'année dernière quand, pour la première fois, elle est apparue seule dans la calèche pendant le défilé. C'était la première fois qu'elle y assistait sans Philippe. Je garde cette image d'Elizabeth II, toute petite et digne, dans ce véhicule qui paraissait vide sans le duc d'Edimbourg. C'était très touchant."
Mark, 29 ans, et Liam, 23 ans : "Un symbole qui nous rassemblait"
Mark : "Je l'ai vue à l'occasion de son Jubilé, en juin dernier. J'étais dans la foule et quand elle est apparue au balcon pour nous saluer, j'ai versé une larme. Il y avait beaucoup d'émotion, notamment parce qu'elle n'a pas pu assister à toutes les célébrations en son honneur, ce qui soulignait le fait qu'elle nous quitterait sans doute bientôt. Elle provoquait ce type de réaction car quand on la voyait, on percevait tout ce qu'elle représentait. Elle était un symbole et c'est ainsi qu'elle nous rassemblait."
Liam : "C'est impressionnant de voir quelqu'un dédier toute sa vie à son peuple. Elle est montée très jeune sur le trône et nous quitte après 70 ans de règne : cela n'arrivera plus. A moins d'une succession de tragédies, ce que personne ne souhaite, ses héritiers ne régneront pas aussi longtemps et n'accompagneront pas la nation sur un si long chemin. C'est pour cela que nous sommes nombreux à vouloir la remercier. C'est un sacrifice qui n'a pas d'équivalent."
Peter, 39 ans, et Tim, 40 ans : "La reine nous permettait d'exprimer qui nous sommes au-delà des clivages"
Peter : "Rien ne m'évoque plus la reine que les discours de Noël, même si je n'en citerai pas un en particulier. D'aussi loin que je me souvienne, ma famille les suit comme un rituel, et je sais qu'il existe des millions de familles comme la mienne : nous déjeunons tous ensemble, nous passons au salon pour le dessert, vers 13 heures, et nous regardons son message à la télévision. Son règne a été marqué par beaucoup de moments forts, mais je crois que pour la plupart d'entre nous, c'est la constance de sa présence chaque année et de ces rendez-vous immanquables qui décrivent le mieux la relation qu'elle avait avec nous."
Tim : "Même si nous étions préparés à sa mort, quand la nouvelle est tombée et que la télévision a affiché un écran noir, les larmes sont montées toutes seules. C'est difficile à expliquer et je comprends que ce soit étonnant vu de l'extérieur. Ma famille accueille une jeune Ukrainienne qui a fui la guerre. En juin dernier, c'était génial de l'emmener avec nous assister aux festivités du Jubilé. C'était important pour nous de partager avec elle ce moment qui décrit si bien ce que c'est que d'être britannique. C'est un peu surréaliste pour une Ukrainienne de 20 ans, mais c'était un vrai moment d'échange et de fierté. Parce qu'elle ne faisait pas de politique et ne prenait jamais parti, la reine nous permettait d'exprimer qui nous sommes au-delà des clivages."
Arletty, 58 ans : "Des choses vont disparaître avec elle"
"J'ai grandi avec ce respect pour la reine. Ma famille est originaire de l'île Maurice. Jusqu'à l'indépendance en 1968, Elizabeth II était aussi la reine des Mauriciens et à l'époque, on trouvait son portrait dans toutes les maisons. Même si j'ai grandi, cela fait partie de mon héritage. Il y a vingt-deux ans, je me suis installée à Londres pour le travail et il se trouve que, justement, ce travail m'a amenée à approcher ce monde. La reine s'est rendue à plusieurs reprises dans le cercle privé qui m'emploie. Je sais qu'elle avait son cocktail préféré, mais ce qui est le plus parlant, je pense, c'est qu'elle se souvenait du nom de l'employé qui le réalisait pour elle, et ce, même si elle n'est venue que rarement. Venant de quelqu'un qui croisait autant de monde, appeler quelqu'un par son prénom, c'est une charmante attention. Sa disparition marque un grand changement dans la monarchie et dans l'Histoire. Des choses vont se perdre et disparaître avec elle."
Wiqar, 51 ans, et Rayan, 12 ans : elle portait "un message d'entraide et de solidarité"
"Elizabeth II a toujours porté un message d'entraide et de solidarité. Toute sa vie, elle s'est tenue auprès de nous. Ces rassemblements permettent d'exprimer notre gratitude pour son dévouement et surtout d'être ensemble pour célébrer sa mémoire. Mes parents sont arrivés en Grande-Bretagne du Pakistan dans les années 1960 et, déjà dans leur pays d'origine, la reine était très respectée. Elle a été une constante aussi pour les personnes qui sont arrivées en Grande-Bretagne depuis les pays du Commonwealth. Elle reliait les peuples entre eux. Nous avons plus que jamais besoin de porter des valeurs de respect et de solidarité et c'est justement ce qu'elle incarnait pour beaucoup, partout dans le monde."
Danny, 44 ans : "Elle a su rester à la page"
"Elle a rencontré Marilyn Monroe, les Spice Girls, les Kennedy, mais aussi James Bond ou l'ours Paddington... On trouve difficilement quelqu'un de mieux connecté que la reine Elizabeth II ! Elle a su rester à la page et comprendre que le pays évoluait. Sa dernière apparition avec Paddington laisse un bon souvenir : celui d'une reine qui plaisante d'elle-même. Je pense à ce moment joyeux mais je suis triste, bien sûr. Je pense à Harry, qui semblait partager une grande complicité avec sa grand-mère."
Angie, 56 ans : "Sa dignité dans la douleur a inspiré tout le monde"
"Elle a toujours été un modèle. Je crois que le moment qui m'a le plus marquée, c'est la manière admirable dont elle a agi après la mort de Diana. C'est quelqu'un qui a toujours si habilement caché ses émotions. Alors qu'un drame touchait sa famille – et surtout ses petits-enfants –, la voir contenir son chagrin tout en étant visiblement affectée a été un moment très émouvant. Un vrai témoignage d'humanité. Sa dignité dans la douleur a inspiré tout le monde. Je n'oublierai jamais le moment où elle a fait la révérence devant le cercueil de Diana. Et son discours qui a suivi, dans lequel elle s'exprime en tant que reine et en tant que grand-mère."
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