Royaume-Uni : la fille de "Captain Tom", héros du Covid, épinglée pour la gestion de son association
"Demain sera une belle journée" : c’est le titre de l’autobiographie de "Captain Tom". Pourtant, l'avenir est plutôt maussade pour les proches du vétéran britannique. Âgé de 99 ans lors du premier confinement au printemps 2020, Tom Moore avait lancé un appel aux dons en s'engageant à parcourir avant son centième anniversaire 100 longueurs de son jardin, dans le sud de l'Angleterre.
Les dons avaient afflué et "Captain Tom" avait finalement recueilli plus de 38 millions de livres (45,6 millions d'euros) pour le NHS, la Sécurité sociale britannique, plus gros montant jamais récolté par une personne seule lors d'une marche caritative. La "Captain Tom Foundation" avait été créée pour poursuivre l'engagement du vétéran, fait chevalier par la reine Elizabeth II à l'été 2020.
"Mauvaise conduite, mauvaise gestion"
Sauf que, depuis sa mort en 2021, la situation a changé. La fille et le gendre du vétéran britannique sont accusés jeudi 22 novembre dans un rapport de "manquements" dans leur gestion d'une association créée en son nom. La commission chargée de superviser le secteur caritatif avait lancé une procédure dès mars 2021 pour examiner le fonctionnement de l'association. Une procédure élevée au statut d'enquête en juin 2022, après que la commission a identifié des sujets d'inquiétude sur la gestion de cette association par la fille de Tom Moore, Hannah Ingram-Moore, et son gendre Colin Ingram.
Le rapport de 30 pages rendu public jeudi conclut que "la mauvaise conduite et/ou la mauvaise gestion" d'Hannah Ingram-Moore et de son époux "n'a pas pris la forme d'un incident isolé, mais d'un comportement répété". Le directeur général de la commission, David Holdsworth, explique que le rapport révèle "des manquements répétés en matière de gouvernance et d'intégrité".
Les deux gestionnaires sont notamment accusés de n'avoir pas reversé à l'association l'argent tiré d'un contrat de publication de plusieurs livres, dont l'autobiographie de Tom Moore, parue en septembre 2020. L'éditeur avait versé 1,8 million d'euros d’avance à la société crée par la fille du héros, après sa disparition. Pas un centime n’a été versé à sa fondation, malgré l’engagement qui avait été pris.
Un spa démoli
Il leur est également reproché d'avoir utilisé le nom de l'association caritative pour obtenir un permis de construire un bâtiment sur le terrain de leur maison. Initialement destinée à la fondation, la demande avait été plus tard modifiée pour inclure la construction d'un spa. Elle avait finalement été refusée et un avis de démolition avait été émis, faisant grand bruit dans la presse.
En tant que directrice générale de la fondation, Hannah Ingram Moore avait demandé un salaire annuel de 180 000 euros, elle avait aussi refusé une clause contraignante sur d’éventuels conflits d’intérêts. Son mari et elle ont été exclus de l’association avec interdiction d’occuper des postes de direction dans des organismes de bienfaisance pendant au moins huit ans.
Dans un communiqué, les Ingram-Moore rejettent les conclusions de la commission et assurent avoir été traités "de manière inéquitable". "Nous restons déterminés à préserver l'héritage de Captain Tom et voulons que le public sache qu'il n'y a jamais eu de détournement de fonds", assurent-ils.
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