Le Parlement britannique adopte le projet de loi controversé sur l'expulsion de migrants vers le Rwanda

Le texte adopté est adossé à un nouveau traité entre Londres et Kigali, qui prévoit le versement de sommes substantielles au Rwanda en échange de l'accueil de demandeurs d'asile entrés illégalement au Royaume-Uni.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, lors d'un débat à la Chambre des communes, à Londres, le 13 mars 2024. (MARIA UNGER / UK PARLIAMENT / AFP)

Le Parlement britannique a approuvé, dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 avril, le projet de loi controversé permettant l'expulsion vers le Rwanda de demandeurs d'asile entrés illégalement au Royaume-Uni. Annoncé il y a deux ans par le gouvernement conservateur de Rishi Sunak et présenté comme une mesure-phare de sa politique de lutte contre l'immigration clandestine, ce projet vise à envoyer au Rwanda les migrants arrivés illégalement sur le territoire, quel que soit leur pays d'origine.

Le texte adopté est adossé à un nouveau traité entre Londres et Kigali, qui prévoit le versement de sommes substantielles au Rwanda en échange de l'accueil des migrants. Il vise à répondre aux conclusions de la Cour suprême, qui avait jugé le projet initial illégal en novembre. La loi définit notamment le Rwanda comme un pays tiers sûr. Or, si le Rwanda se présente comme l'un des pays les plus stables du continent africain, son président, Paul Kagame, est accusé de gouverner dans un climat de peur, étouffant la dissidence et la liberté d'expression.

Des premières expulsions d'ici dix semaines

La Chambre des lords, où les conservateurs n'ont pas la majorité, a retardé l'adoption définitive du texte en le renvoyant sans cesse à la Chambre des communes avec des amendements. Ces derniers ont à leur tour systématiquement été rejetés par les députés. Au final, la chambre haute, dont les membres ne sont pas élus, a décidé de se plier à la volonté de la Chambre des communes désignée au suffrage universel et de ne plus amender le texte, garantissant son entrée en vigueur.

Plus tôt lundi, Rishi Sunak avait assuré que son gouvernement était "prêt" à expulser des demandeurs d'asile vers le Rwanda d'ici dix à douze semaines, une fois la loi adoptée. "Ces vols décolleront, quoi qu'il arrive", a martelé dans la matinée le Premier ministre lors d'une conférence de presse. Le gouvernement a mobilisé des centaines de personnes, notamment des juges, pour traiter rapidement les éventuels recours des migrants illégaux, et débloqué 2 200 places en détention pour eux en attendant que leurs cas soient étudiés.

Le projet de loi du gouvernement est fortement critiqué par l'opposition travailliste, des associations d'aides aux migrants, le chef de l'Eglise anglicane et jusqu'au Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, qui a estimé qu'il va "à l'encontre des principes fondamentaux des droits humains". Après avoir atteint un record en 2022 (45 000), puis baissé en 2023 (près de 30 000), le nombre de personnes ayant traversé clandestinement la Manche à bord de canots de fortune a augmenté de plus de 20% depuis le début de l'année 2024 par rapport à l'an dernier.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.