Royaume-Uni : les sans-abri expulsés de Londres
La municipalité de Hackney, un district du Grand Londres situé au nord de la ville, a voté fin mai 2015 un arrêté contre la présence de sans domicile fixe. Ils devront payer une amende de 100 livres sterling, soit 137 euros, s'ils dorment dans la rue ou mendient. En cas de non-paiement, celle-ci pourra être multipliée par dix.
Une mesure dont on a du mal à comprendre l'utilité puisque les mendiants verbalisés ne pourront pas payer leur contravention. A moins que l'idée sous-jacente ne soit de les conduire en prison.
Selon le texte, la police et les officiers municipaux pourront demander aux personnes d'arrêter de «mendier, de boire de l’alcool, d’avoir des comportements antisociaux, de mal utiliser les toilettes publiques, de dormir dans la rue, d’uriner ou de déféquer dans un espace public ou d’avoir un chien sans laisse causant des nuisances».
Une pétition, dénonçant la «criminalisation des sans-abris de Hackney», a immédiatement été mise en ligne contre cette décision anti SDF. Elle a recueilli 80.874 signatures.
D'autres mesures anti-SDF
En juin 2014, des pointes de métal avaient été installées devant l'entrée d'immeubles et de vitrines de magasins de Londres afin d'éviter que les SDF s'y installent. Ce qui avait déjà provoqué un scandale. Des photos avaient circulé sur les réseaux sociaux et une pétition avait récolté plus de 130.000 signatures. Boris Johnson, le maire de Londres, avait demandé en personne leur retrait, les jugeant «moches, inefficaces et stupides».
Les mesures pour éloigner les SDF se multiplient à Londres. Dans le quartier de Camden, les bancs publics ont des formes tellement biscornues que les sans-abri ne peuvent pas s'y allonger.
Outre la vidéosurveillance, l'installation de caméras devant les immeubles a également pour but de dissuader les SDF de s'y installer puisqu'ils n'ont pas forcément envie d'être filmés 24 heures sur 24.
SDF et pauvreté
A Londres, on dénombre 1,37 ménage sans domicile fixe pour 1000 ménages logés, selon les dernières statistiques en date du gouvernement. Ainsi, entre octobre et décembre 2014, 4.690 ménages ont été enregistrés comme sans logis. Ce chiffre est en hausse de 8% par rapport à la même période un an auparavant. Le taux de sans-abris dans la capitale est deux fois supérieur à celui du pays.
Des Français expatriés qui tiennent le blog French in London ont remarqué l'absence de sans-abri dans le centre. Ces derniers finissent souvent en périphérie, notamment à Hackney ou sur les bords de la Tamise.
Chassés du centre, ils ne peuvent pas se réfugier dans le métro, comme à Paris où ils sont très nombreux. La présence systématique de contrôleurs au niveau des tourniquets les dissuade de frauder. Quant à entrer légalement dans le métro, ils n'y pensent même pas avec un ticket à plus de 5 euros. De plus, mendier dans le métro est illégal. Seuls des musiciens ont reçu une autorisation pour jouer (et demander de l'argent) à des emplacements bien précis.
Les sans-logis ne peuvent pas non plus squatter des immeubles. Depuis le 1er septembre 2012 squatter est devenu une infraction pénale en Angleterre et au Pays de Galles. L'occupation illégale de logements est un délit passible de six mois de prison et de 5.000 livres d'amende, soit 6905 euros.
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