Mort d'Alexeï Navalny : ce que révèlent ces lettres écrites par l'opposant russe lorsqu'il était en prison
Pendant toutes ses années de détention, Alexeï Navalny, dont l'enterrement a lieu vendredi 1er mars à Moscou, n'a cessé d'écrire. L'opposant russe est mort en prison, dans l'Arctique, le 16 février dernier, trois années après avoir été emprisonné, de retour d’Allemagne où il avait été soigné suite à un empoisonnement. Pendant tout ce temps, placé à l’isolement dans différents centres de détention, l’opposant à Vladimir Poutine a écrit, luttant ainsi contre l’oubli auquel le Kremlin entendait le condamner. Il y décrit, par exemple, un véritable "goulag des temps modernes".
En prison, Alexeï Navalny dit ainsi "collectionner" les séjours à l’isolement, comme d’autres collectionneraient les timbres. Sur la situation des prisons dans le pays, "rien de très original", écrit-il, la faim, le froid, les violences, les provocations... Tout a déjà été décrit par les dissidents soviétiques. Mais pour lui, les autorités ont inventé quelque chose de nouveau.
"Il y a un mois environ, on a installé un fou dans la cellule d'en face. Ça donne des hurlements, des grognements, des coups, des aboiements. Il parle seul en prenant trois voix différentes. Je ne m'en remets pas. Et à chaque contrôle, je commence par demander qu'on emmène ce cinglé"
Alexeï Navalnydans une lettre
Ses geôliers lui font vivre un enfer
Sur un poste de radio, la propagande russe est diffusée toute la journée. Un homme sans aucune hygiène, servant, "d’arme bactériologique", écrit Alexeï Navalny, est placé dans sa cellule. L'administration pénitentiaire fait du quotidien du dissident un enfer : "Ici, chaque jour, dès qu'est donné l'ordre du lever à 5h, l'hymne russe retentit. Et aussitôt après cette chanson 'Je suis Russe'. Imaginez le tableau", poursuit-il.
Dans son baraquement disciplinaire d'une colonie à régime spécial, Alexeï Navalny, condamné à 19 ans de prison, rincé par la propagande du Kremlin pendant des années, fait de l'exercice sur le refrain de Je suis Russe, qu'on le force à écouter en guise de travail éducatif. Malgré toutes ces épreuves, Alexeï Navalny cherche à ne pas perdre, sa "décontraction", comme il l'écrit. Ce serait "le début de la défaite" selon lui.
Et, quoi qu’il arrive, il sait pourquoi il est en prison. "Cela fait trois ans que je réponds à une seule et même question 'Mais pourquoi donc es-tu rentré ?' Il n'y a ni secret ni plan, assure Navalny, j'ai mon pays et mes convictions. Si tes convictions valent quelque chose, tu dois être prêt à les défendre et s'il le faut, à accepter des sacrifices". "Les gens au pouvoir doivent changer", écrit Alexeï Navalny, quelques jours seulement avant sa mort : "La corruption détruit l’État. L’État poutinien n’est pas viable".
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