Élection présidentielle russe : le "roi de la fraise" Pavel Groudinine, le plus populaire des concurrents de Vladimir Poutine
À un mois du premier tour de l'élection présidentielle russe, les huit candidats sillonnent le pays. Parmi eux, le patron communiste Pavel Groudinine. Cette semaine, il a visité une vieille fabrique de vêtements moscovite.
Le 18 mars prochain se tiendra le premier tour de l'élection présidentielle en Russie. L'actuel président, Vladimir Poutine, au pouvoir depuis 1999, part ultra favori. Il sera opposé à sept candidats dont certains n'ont qu'un seul espoir : arriver en deuxième position.
C’est le cas de Pavel Groudinine : le candidat communiste, et homme d'affaires millionnaire de 57 ans, est le plus populaire des concurrents de Vladimir Poutine même s'il est crédité de moins de 10 % des intentions de vote, contre 65 % pour l'actuel président.
Il est un peu en retard ce jour-là. Pavel Groudinine est attendu à l'entreprise Bolcheviska à Moscou, une vieille fabrique de vêtements professionnels rescapée de l'époque soviétique. Comme les autres candidats, celui qui a été désigné par le parti communiste sillonne le pays en quête de nouveaux électeurs.
Les 50 couturières se sont regroupées en demi-cercle en l'attendant. Mais, Olga le sait déjà : cette visite ne changera rien à son quotidien. Elle est indécise. "Je ne sais pas trop m’exprimer, nous ne faisons que coudre ici et je ne suis pas Moscovite, confie cette couturière de 50 ans qui a été obligée de quitter sa ville d'Ivanovo, à 400 km au sud de Moscou pour travailler vivre dans la capitale. J’aimerais savoir comment le pays va vivre et quand je pourrais rentrer chez moi à Ivanovo."
Les banques privées, sa principale cible
Pavel Groudinine, en costume-cravate, arrive enfin. Le patron-candidat, surnommé "le roi de la fraise", commence par évoquer la réussite de son entreprise, l'ancien Sovkhoze Lénine, en banlieue de Moscou, transformée en entreprise agroalimentaire florissante. Il rappelle que sa société est à l'écoute de ses salariés, que les repas sont gratuits pour les enfants de l'école à proximité et que ses cueilleurs de fraises repartent avec 10% de leur récolte en plus de leur salaire.
En revanche, Pavel Groudinine n'a pas de mots assez durs contre les banques privées russes : "Ces banques, qui pratiquent des taux d’intérêt à 12 ou même 20 %, ne doivent pas exister, lance-t-il. Elles doivent devenir des banques d’État. Ce n’est pas possible de produire dans ces conditions-là : les entreprises de production doivent pouvoir le faire grâce à des taux avantageux. Quant aux particuliers, ils ne doivent pas se retrouver prisonniers de leurs crédits. On n'augmente ni les salaires ni les pensions, et les particuliers, qui doivent emprunter aux banques, se retrouvent coincés."
"La réalité, c'est mieux que les paroles"
Après 45 minutes de discours et d'échanges avec les couturières de l'usine, Pavel Groudinine est poliment applaudi. Olga, elle, n'a posé aucune question. "Je ne sais pas pour qui je vais voter, dit cette ouvrière qui gagne 500 euros par mois. C’est beaucoup de promesses. Nous voulons tous que la vie s’améliore dans le pays : la réalité, c’est mieux que les paroles." Elle retourne à sa machine à coudre.
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