Cet article date de plus de neuf ans.

Les vendredis sans alcool à Moscou: une idée qui saoule les internautes

Le vendredi journée sans alcool à Moscou ? Le projet, qui entendait lutter contre les accidents du week-end dus à l'alcool au volant, a été débattu cette semaine à la Douma municipale. La seule idée de cette «journée de la Sobriété» a rendu Twitter hystérique. Que les internautes moscovites se rassurent : ils pourront continuer à boire tous les jours.
Article rédigé par Miriam Palisson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un consommateur au rayon spiritueux d'un supermarché de Moscou, le 26 décembre 2014.
	
	  (AFP/Evgeny Biyatov/RIA Novosti)

Les internautes de la capitale russe avaient-il bu ce mercredi 14 octobre 2015 ? Ils fêtaient sur Twitter la Journée de la Sobriété... or celle-ci, adoptée à l'instigation de l'Eglise orthodoxe, a été fixée à la date (fatidique) du 11 septembre. Un jour saint que l'on a pu voir célébré à grand renfort d'icônes, comme à Nijni Novgorod

Ce 14 octobre donc, le hashtag #ДеньТрезвости (#JournéeDeLa Sobriété) caracolait dans les tendances Twitter de Moscou, illustré avec un goût et une créativité divers (Voir ce montage à base de toilettes : «Je ne veux pas (vomir), je ne vais pas (boire)»)

«Alerte ! Les Russes privés d'alcool le vendredi», tweete un site de l'Oural.

«Buvons (à la) #JournéeDeLaSobriété !»


Ce jour-là, la Douma municipale de Moscou examinait avec le plus grand sérieux un projet de loi visant à interdire la vente d'alcool le vendredi (elle est déjà prohibée à Moscou et Saint-Pétersbourg de 23h à 8h), rapportait le quotidien Kommersant«De nombreux Russes commencent leur week-end (de beuverie) le vendredi, a fait remarquer Alexeï Michine, rapporteur de de la commission «santé publique» à la Douma de Moscou. Le lundi, non seulement ils ne sont pas reposés quand ils arrivent au travail, mais ils présentent un syndrome asthénique (une grosse fatigue)».

Plus sérieusement, cette proposition avait pour but avoué de contribuer à faire baisser le nombre d'accidents de la route dus à l'alcool au volant, un fléau qui atteint des proportions inquiétantes en Russie. La nuit du vendredi au samedi est celle où l'on croise le plus de conducteurs ivres dans les rues moscovites. Selon les derniers chiffres officiels, plus de 9.000 de ces dangers publics (20.000 selon d'autres sources) ont été interpellés depuis le début 2015. Le code de la route russe a été durci en juillet 2015, et la récidive peut désormais mener un conducteur ivre en prison.

Les supporters de ce projet espéraient l'étendre à toute la Russie, où 400.000 conducteurs en état d'ébriété ont été recensés dans les dix derniers mois, selon le quotidien Vesti, mais rien n'aurait été fait avant une phase de test à Moscou, a communiqué M.Michine. La ville de Saint-Pétersbourg, où la même proposition a été examinée, préférait, elle, que le mercredi soit choisi comme «journée sobre». Andreï Anokhine, député de la ville, a fait valoir que «le mercredi, c'est un peu un petit samedi, en termes de quantités d'alcool consommées».

 «Ils nous poussent à boire de l'eau de Cologne»
L'idée d'interdire aux magasins la vente de spitirueux le vendredi était soutenue par le Rospotrebnadzor, l'agence russe des droits des consommateurs. Cependant, certains «experts» ne la jugent pas si judicieuse – et ce pour des raisons diverses... D'un point de vue sanitaire, beaucoup craignent qu'elle ne fasse qu'encourager le recours à l'alcool de contrebande, autre fléau national. «Ils nous poussent à boire de l'eau de Cologne», tweete un internaute.

D'un point de vue commercial, on s'en doute, elle est jugée inintéressante par le directeur du Centre de recherches sur le marché des spiritueux Vadim Drobiz. Le directeur du département des Commerces et des Services moscovites Alexeï Nemeriouk remarque (très justement) que les consommateurs n'auront qu'à faire leurs provisions le jeudi, et demande «quel est l'intérêt de compliquer leur vie et celle des commerçants».

Tatiana Potiaiéva, en charge des droits de l'Homme à Moscou, considère qu'une telle interdiction porterait atteinte aux droits des Moscovites. Quant à l'ancien chef des services sanitaires, l'inévitable Guenadi Onichtchenko, il ne pouvait manquer cette occasion de s'exprimer. Il a déclaré à la télévision que «c'est tous les jours que les Russes doivent être sobres ; la sobriété, c'est la norme».

Quoi qu'il en soit, ils peuvent tous – et Twitter avec eux – être rassurés. Les Russes pourront continuer à boire le vendredi. Devant l'ampleur du débat suscité par la simple perspective de vendredis sans alcool, la présidente de la Commission sanitaire de la Douma de Moscou s'est hâtée de calmer le jeu. Elle a déclaré à l'agence Тass que rien de tel n'était mis en place par les députés. Ce qu'a confirmé la ministre de la Santé.


Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.