Manifestations en Biélorussie : il y a une opposition surtout "pro-russe" face à laquelle la population est "très hésitante" estime un historien
Pour Bruno Drweski, spécialiste du monde slave, le régime d'Alexandre Loukachenko n'approche pas, pour l'heure, de son terme. Le président biélorusse sait que la population ne veut pas d'une instabilité politique comme la vie l'Ukraine voisine.
Au pouvoir depuis 1994, le président biélorusse Alexandre Loukachenko fait face à une forte mobilisation de l’opposition à l'approche de l'élection présidentielle. Des dizaines de milliers de partisans de la principale candidate de l'opposition ont ainsi participé, jeudi 30 juillet, à un grand rassemblement à Minsk, la capitale. Pas de quoi remettre en doute sa position pour autant, estime sur franceinfo vendredi 31 juillet, Bruno Drweski, maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientale (Inalco).
Une opinion publique "très prudente"
"Il a toujours eu des forces d'opposition mais cette fois-ci il affronte surtout une opposition que l'on peut qualifier de pro-russe, analyse Bruno Drweski. Aujourd'hui c'est Moscou qui n'est pas très content du pouvoir qui règne à Minsk alors qu'avant c'étaient plutôt les Occidentaux."
Au sujet de Svetlana Tikhanovskaya, la principale candidate de l'opposition, le spécialiste de l’Europe médiane estime qu'elle "sort un peu du chapeau". "Elle représente une émergence de quelque chose qui n'était pas prévu. Cela étant, je pense que le gouvernement contrôle la situation et qu'on ne devrait pas avoir trop de surprises lors des élections."
La population est toujours très hésitante sur le fait de soutenir l'opposition quand elle est soutenue par l'étranger, ça fait craindre par les gens la privatisation des entreprises au profit par exemple des oligarques russes.
Bruno Drweski, maître de conférence à l'Inalcoà franceinfo
Pour Bruno Drweski, le régime d'Alexandre Loukachenko n'approche pas, pour l'heure, de son terme. "Loukachenko a encore quelques atouts, son principal atout c'est le fait qu'au sud vous avez l'Ukraine qui est dans une situation de tension maximale, ce qui ne fait pas beaucoup rêver les Biélorussiens, affirme l'enseignant.
"Par ailleurs, le modèle social russe n'est pas très attrayant. Effectivement le régime est un peu fatigué mais en Biélorussie on a une société qui est très prudente. On voit difficilement une espèce de révolution de couleur à Minsk dans le style qu'on a connu à Kiev. Ce sera plus dans le moyen terme que dans l'immédiat."
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