Russie : le budget 2024 massivement orienté vers la guerre en Ukraine
À Moscou, la Douma, la chambre basse du parlement, a approuvé jeudi 26 octobre le budget de l'État pour la période 2024-2026. Sans surprise, il s'agit du budget d'un pays en état de guerre. Les crédits alloués aux dépenses militaires russes vont ainsi s'envoler de plus de 70% pour l'an prochain. Cette forte hausse illustre la détermination de Moscou à poursuivre son assaut contre l'Ukraine, lancé il y a plus d'un an et demi. Pour la première fois dans l'histoire de la Russie post-soviétique, les crédits militaires vont même être supérieurs aux dépenses sociales.
Selon un document du ministère russe des Finances publié fin septembre, les dépenses de la Défense vont atteindre 10 800 milliards de roubles, c'est-à-dire 107 milliards d’euros, Les moyens alloués à l'armée correspondent à 6% du Produit intérieur brut (PIB) du pays en 2024, contre 3,9% en 2023. Mais avec 30% des dépenses de l'État classées secrètes, il est difficile d'évaluer combien la guerre en Ukraine coûte à la Russie, mais certainement un montant considérable. Fin septembre, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov justifiait une telle augmentation : "Elle est absolument nécessaire, parce que nous sommes dans un état de guerre hybride."
Les recettes pétrolières comme principale source de financement
Les priorités de ce budget sont claires, selon le ministère des Finances : "le renforcement de la capacité de Défense du pays" et "l'intégration des nouvelles régions" ukrainiennes dont Moscou revendique l'annexion. Mais aussi "l'aide sociale aux catégories de citoyens les plus vulnérables", à quelques mois de l'élection présidentielle prévue au printemps 2024.
Le Kremlin mise bien sur une guerre qui dure, selon l'économiste russe en exil Igor Lipstits. "En clair, la Russie sera en guerre pour toute l'année 2024. Mais ensuite les dépenses liées à la sécurité et au maintien de l'ordre augmenteront, analyse-t-il. D'après ce que nous comprenons, le gouvernement espère achever la phase active de combats d'ici 2025, après quoi un ordre policier très strict sera établi dans les nouveaux territoires et les effectifs policiers augmenteront."
"Le gouvernement russe s'attend apparemment à une diminution des opérations militaires en 2025 seulement."
Igor Lipstits, économiste russe en exilà franceinfo
Pour financer sa guerre, le pouvoir russe table sur une forte hausse des recettes pétrolières, de +23% en 2024, un chiffre jugé douteux par de nombreux experts. Notamment parce que les sanctions internationales affectent la vente d'hydrocarbures, pétrole et gaz, alors que celle-ci tirait historiquement la croissance russe. Pour financer ce budget de guerre, des hausses d'impôts et de taxes seront aussi envisagées. Elles risquent éventuellement de peser lourdement sur l'économie réelle, tout comme la dévaluation du rouble. Deux enjeux qui ne sont manifestement pas pour l'instant la priorité du Kremlin.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.