Témoignage "Si j’arrête la lutte maintenant, c’est comme si j’effaçais ma vie" : en Russie, le dissident Oleg Orlov de nouveau devant la justice

Il est l'un des rares opposants à s'exprimer encore librement, les autres sont soit en prison, soit exilés. L'homme de 70 ans est de nouveau jugé pour avoir critiqué la guerre en Ukraine.
Article rédigé par franceinfo
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Le militants des droits de l'homme russe, Oleg Orlov, le 15 février 2024. (NATALIA KOLESNIKOVA / AFP)

Oleg Orlov a notamment écrit dans une tribune publiée par Mediapart que les troupes russes commettaient des "crimes de masse" en Ukraine et que son pays a "replongé dans le totalitarisme". Jugé une première fois en octobre le septuagénaire avait écopé d'un jugement considéré comme clément, une peine d'amende. Mais ni lui, ni le ministère ne l'avaient accepté. Le parquet a demandé l'annulation du premier jugement et le voici à nouveau devant le tribunal vendredi 16 février. 

Le dissident de 70 ans le dit lui-même, il y a de fortes chances pour que, cette fois-ci, il aille en prison et que le procès sera vite expédié. Il dit avoir des informations selon lesquelles le pouvoir russe souhaite le museler rapidement, avant l'élection présidentielle des 15-17 mars destinée à reconduire au Kremlin Vladimir Poutine, au pouvoir depuis un quart de siècle. Une perspective que ce militant des droits de l'homme accepte néanmoins. "Je n’ai pas vraiment envie d’aller en prison. J’aimerais l’éviter, confesse l'un des derniers opposants à critiquer ouvertement le pouvoir en Russie. Mais je n’ai pas le choix. Toute ma vie, je me suis battu. Si j’arrête la lutte maintenant, c’est comme si j’effaçais ma vie". 

"La liberté deviendra la règle en Russie"

Une partie de cette vie, Oleg Orlov l'a passée à documenter les crimes commis par l'État sous l'Union soviétique, quand cela était encore possible. Pour lui, on peut établir un parallèle entre la Russie de 2024 et la répression sous l'Union soviétique.

"Certains prisonniers politiques sont aujourd’hui soumis à des traitements très cruels dans les camps. De fait, on les tue."

Oleg Orlov

à franceinfo

"En termes d’échelle, on n’a pas encore atteint le niveau de la répression sous Staline mais on dépasse déjà l’époque de Brejnev", explique l’un des fondateurs de l’ONG Memorial, lauréate du prix Nobel de la paix en 2022, aujourd'hui dissoute. Si Oleg Orlov continue la lutte et ne se tait pas, c'est qu'il en est persuadé : "La liberté deviendra la règle en Russie".

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