: Reportage Séisme en Turquie : "On avait reconstruit nos vies ici, et d'un coup toute la ville est dévastée", témoigne un réfugié syrien
Dans les ruines de la vieille ville d'Antakya, une pelleteuse creuse des décombres, dix jours après le séisme qui a frappé le sud de la Turquie et le nord de la Syrie. Une équipe de secouristes sort un premier corps, puis un deuxième, un bébé de 10 mois seulement. Son oncle, Abdelhamid, dépose délicatement sa dépouille sur le trottoir. "Neuf personnes de ma famille sont mortes dans cet immeuble", explique Abdelhamid. "La catastrophe est tellement immense que ça prend beaucoup de temps pour les retrouver. Ça fait une semaine qu'on cherche." L'enterrement sera fait en Turquie, près d'Antakya "car chez nous à Alep, Bachar al-Assad nous considère tous comme des terroristes. Donc c'est impossible de les enterrer là-bas. Si on rentre, il nous tue."
Des milliers de personnes sont toujours sans abri. Parmi elles, se trouvent de nombreux Syriens. Le tremblement de terre a touché la région à la frontière de la Syrie, là où plusieurs centaines de milliers d’entre eux se sont exilés après avoir fui la guerre dans leur pays. Après avoir vécu sous les bombes de Bachar al-Assad et de son allié russe, ils vivent aujourd’hui une nouvelle catastrophe avec ce séisme.
"On a nulle part où se réfugier"
Abelhamid est originaire d'Alep. Il a fui la ville rasée par les bombes du régime syrien. Aujourd'hui, il a de nouveau tout perdu. "Le plus dur, c'est qu'on a nulle part où se réfugier. Les Turcs, ils ont des proches ou des amis chez qui ils peuvent aller. Mais nous, ici, on est des étrangers. On vient de Homs, Alep, Damas, on avait reconstruit nos vies ici. Et d'un coup, la ville est dévastée. Et tout est détruit."
Depuis le séisme, sa famille a trouvé refuge sous des tentes de fortune, dans un champ d'oliviers, sur les hauteurs de la ville. Son cousin, Ayman, a 25 ans. "À Alep, il a fallu des années de guerre, avec des frappes aériennes pour tout détruire, lance Ayman. Ici, quelques secondes ont suffi pour raser tous les immeubles. C'est incomparable, mais je crois que c'est encore pire."
Tout autour des enfants s'agitent. Omar, 30 ans, se réchauffe près du feu. "On est cinq familles dans cette tente, dit-il. On n'a même pas d’eau. On doit marcher un kilomètre pour en chercher. On a vraiment tout perdu, ajoute-t-il, tout ce qu’on avait été dans notre maison… Elle s’est effondrée. On n’a plus aucun avenir, ni en Syrie, ni en Turquie." À côté, une mère de famille entasse le peu d'affaires qui lui reste dans le coffre d’une voiture, sa famille a trouvé un proche pour les héberger dans une ville voisine.
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