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Témoignage Séisme en Turquie et en Syrie : "Je ne ressens plus rien, c’est un cauchemar sans fin", confie un rescapé de Nurdagi, l'épicentre du tremblement de terre

Dans une ville au paysage apocalyptique, franceinfo a rencontré Walid, un rescapé. Il a sauvé une partie de sa famille des décombres en début de semaine, les autres sont toujours ensevelis.
Article rédigé par Thibault Lefèvre - Benjamin Thuau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un corps sorti des décombres d'un immeuble de Nurdag, épicentre du séisme du 6 février 2023, en Turquie. Selon un gendarme rencontré sur place, peu d'espoir de retrouver des vivants désormais. (Thibault Lefèvre / Radio France)

Il y a une odeur de mort à côté des camionnettes chargées de transporter les morts. Cela fait plus de quatre jours maintenant que les pelleteuses déblaient, que les secouristes fouillent sous les décombres à la recherche d'un souffle de vie. À Nurdagi, l’épicentre du tremblement de terre qui a ravagé le sud-est de la Turquie dans la nuit de dimanche à lundi, la ville est complétement détruite. S'il y a désormais peu d’espoir de retrouver des survivants et que des dizaines de victimes attendent d'être évacuées vers la morgue, à même le sol, disposées dans des sacs mortuaires en pleine rue, pourtant, les sinistrés s’accrochent. 

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Mais, pourtant, Walid ne croit plus au miracle. Son frère Hassan, et ses neveux, Hussein, 8 ans, Lohey, 5 ans, et Ghazzal, 2 ans et demi, sont toujours sous les décombres. "Je ne ressens plus rien. C’est un cauchemar sans fin. Ils sont entre les mains de Dieu maintenant, et je ne peux que suivre sa volonté", souffle-t-il.

"Elle ne pouvait pas bouger et elle tenait son bébé dans une main"

Le fatalisme après le miracle pour ce jeune homme : quelques heures après le tremblement de terre, Walid s’est frayé un chemin à mains nues dans les gravats du même immeuble, il a alors pu extraire sa sœur, Basma, et ses quatre enfants.

"La famille de ma sœur était là, en contrebas. J’ai dû descendre 1,50 mètre pour pouvoir les atteindre, raconte-t-il. Je me suis glissé sous l’immeuble et j’ai commencé à dégager les débris. J’ai trouvé un petit espace où passer. J’ai enlevé les pierres à mains nues, je n’avais rien d’autre. J’ai attrapé le premier enfant, puis le second et le troisième. Ma sœur était sous un bloc de béton. Elle était coincée. Elle ne pouvait pas bouger et elle tenait son bébé dans une main. J’ai pris le nourrisson et, ensuite, elle a pu ramper jusqu’à la sortie."  

Les yeux rougis et la peau recouverte de poussière, Walid n’a pas dormi depuis quatre jours. Et quand il s’assoupit, dit-il, il imagine son frère et ses enfants, morts sous les décombres.

Selon des sauveteurs rencontrés sur place, il est désormais presque impossible de retrouver quelqu'un en vie. D'ailleurs, les autorités commencent à envisager, même si rien n'est officiel pour le moment, d'arrêter les opérations de recherches pour se concentrer sur le déblayage des dizaines de tonnes de gravats qui encombrent la ville. 

Le reportage de Thibault Lefèvre et Benjamin Thuau

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