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Sénégal : Karim Wade, fils de l'ex-président, devant la justice

Karim Wade, fils de l'ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, et ancien ministre, est jugé à partir de ce jeudi à Dakar pour "enrichissement illicite", la somme évoquée atteignant 178 millions d'euros. Arrêté après le départ de son père du pouvoir, il a toujours clamé son innocence, et ses partisans parlent d'un procès politique.
Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Karim Wade lors de son arrestation à Dakar, le 15 avril 2013 © Maxppp)

C'est un procès très attendu, et sous très haute tension, qui s'ouvre ce jeudi à Dakar. La justice sénégalaise se penche à partir de ce jour sur le cas de Karim Wade, fils de l'ancien président au pouvoir de 2000 à 2012, Abdoulaye Wade. Plusieurs fois ministre dans les gouvernements successifs de son père, le "fils de" est accusé d'enrichissement illicite. Il aurait ainsi, selon l'accusation, acquis près de 178 millions d'euros grâce à différentes méthodes toutes plus opaques les unes que les autres.

Cet enrichissement aurait ainsi été rendu possible via de complexes montages financiers, et la somme rondelette dormirait aujourd'hui dans des paradis fiscaux aux quatre coins du globe, notamment à Monaco ou à Singapour. Impensable selon la défense de Karim Wade, qui affirme que son patrimoine n'est "que" de deux millions d'euros, acquis notamment du temps où il était trader en Europe. C'était avant de grimper dans la hiérarchie politique dans un pays tenu d'une main de fer par son père, battu en 2012 par Macky Sall lors de l'élection présidentielle. Ses avocats brandissent notamment le classement sans suite d'une plainte de l'État sénégalais, en juin dernier par le parquet de Paris, contre lui pour détournement de fonds publics, recel d'abus de biens sociaux et corruption en France.

Ses partisans dénoncent une vengeance politique

Arrêté à la sortie de son domicile de Dakar en avril 2013, Karim Wade a encore beaucoup de partisans au Sénégal, au premier rang desquels les membres du Parti démocratique sénégalais (PDS), toujours présidé par son père. Depuis son arrestation, l'homme âgé de 45 ans est resté en cellule, toutes ses demandes de libération ayant été rejetées.

Son avocat lui-même, Me El Hadj Amadou Sall, est un membre influent du PDS. Il parle aujourd'hui d'un "procès de la honte destiné à éliminer un adversaire politique " du président Macky Sall, avant la prochaine élection présidentielle, en 2017. Abdoulaye Wade, 87 ans et de retour aux affaires depuis plusieurs semaines, est lui aussi descendu dans l'arène pour défendre son fils. Il estime que son successeur à la tête de l'État a "utilisé l'idée de la traque des biens mal acquis pour combattre Karim, le faire condamner, le priver de ses droits civiques pour qu'il ne se présente pas " à l'élection présidentielle. Les organisations internationales de défense des droits de l'Homme observent aussi ce procès, regrettant notamment que Karim Wade soit jugé par la Cour de répression de l'enrichissement illicite, un organe tout juste réactivé pour l'occasion. Les débats promettent d'être houleux, et la protection policière autour du tribunal a d'ores et déjà été renforcée.

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