Unités spécialisées, armée, centre de rétention réquisitionné… Quel est le dispositif déployé pour le G7 à Biarritz ?
Dans la ville basque, qui reçoit le sommet du G7 du 24 au 26 août, les dispositifs de sécurité ont été relevés au maximum. Du jamais-vu.
A événement exceptionnel, mesures sécuritaires exceptionnelles. Le sommet du G7, qui se tient du 24 au 26 août à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), réunit les dirigeants des sept pays les plus riches de la planète, leurs délégations ainsi que la presse internationale. Face à cet afflux et aux menaces potentielles, 13 200 policiers et gendarmes sont mobilisés pour assurer la sécurité de l'événement. Franceinfo fait le point sur ce dispositif hors norme.
Des forces de l'ordre en nombre
"Le dispositif de sécurité mobilisera 13 200 policiers et gendarmes (...) épaulés par les forces militaires qui assureront des missions de contre-terrorisme et de protection de nos abords aériens et maritimes", a déclaré Christophe Castaner lors d'une conférence de presse organisée dans la station balnéaire de la côte basque, mardi 20 août. "Ils seront appuyés également par les forces de l'ordre déployées côté espagnol", a-t-il ajouté en saluant le "rôle clé" de l'Espagne dans la sécurité de ce sommet.
Raid, GIGN, équipes cynophiles spécialisées dans la détection d'explosifs selon Le Parisien, Service de la protection (SDLP) d'après BFM, effectifs parisiens motorisés issus des Brav (brigades de répression de l'action violente) selon Le Journal du dimanche… Les unités spécialisées ne manqueront pas de compléter les rangs des policiers et des gendarmes.
Pour répondre à ce besoin important de personnel, des forces de l'ordre de toute la France sont mobilisées. A Pau, des policiers travaillent en 3x8 et sont emmenés sur place en bus, comme le rapporte France Bleu Béarn. Neuf policiers de Belfort ont également été envoyés à Biarritz, relate L'Est républicain. Trois matchs de Ligue 1 ont par ailleurs été reportés à Lille, Montpellier et Nice.
Les patrouilles se feront notamment dans un centre-ville totalement bouclé. Pour rappel, deux zones de circulation ont été définies et ne seront accessibles, à compter du 23 août, que par des points d'entrée contrôlés par la police nationale, sur présentation d'un badge nominatif et d'une pièce d'identité.
Dans la zone rouge qui borde les sites où auront lieu les rencontres officielles, la circulation se fait uniquement à pied. Dans la zone bleue, les véhicules équipés d'un macaron peuvent circuler. Les difficultés de circulation ne s'arrêtent toutefois pas au centre-ville sanctuarisé. L'aéroport de Biarritz est exclusivement consacré aux délégations officielles, tandis que les gares de Biarritz, Bayonne, Guéthary, Boucau et Hendaye Les Deux-Jumeaux fermeront leurs portes dès vendredi 23 août.
Un déploiement militaire sur terre, dans les airs et en mer
Au-delà des forces de l'ordre, l'armée est également largement mobilisée sur terre, dans les airs et en mer. Interrogé par Sud-Ouest, le général Rondel, commandant de la zone de défense et de sécurité du Sud-Ouest, indique qu'ils seront "primo-intervenants pour les sécurités aérienne et maritime". En revanche, concernant le domaine terrestre, l'armée prend part aux interventions "en appui des forces de sécurité intérieure dans le cadre de la protection contre le terrorisme", poursuit le militaire. Plusieurs radars ont été déployés, comme le souligne France Bleu Pays basque.
Selon Sud-Ouest, des rafales de la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan et des hélicoptères sont sur le pont. Une batterie de missiles sol-air, système de défense antiaérienne, aurait également été installée près de Biarritz. En mer, la frégate anti-sous-marine La Motte-Picquet ainsi que des commandos marine sont présents, indique le quotidien régional.
Un dispositif judiciaire renforcé
Tout est mis en œuvre pour qu'il n'y ait pas d'accroc dans le traitement judiciaire des possibles auteurs de méfaits. Christophe Castagner a assuré qu'il n'existait pas "d'alerte particulière sur un risque particulier" en ce qui concerne la menace terroriste pesant sur ce sommet, "mais le risque terroriste est constant dans notre pays", a-t-il rappelé.
Le centre de rétention administrative d'Hendaye, utilisé pour les personnes étrangères en situation irrégulière, a été vidé de ses occupants afin d'organiser et accueillir les gardes à vue. "Le centre a rouvert il y a peu, après une période de travaux. Il se compose de 100 cellules de garde à vue", indique à franceinfo Teddy Vermote, bâtonnier du barreau de Bayonne. L'avocat précise que les étrangers en situation irrégulière ont été envoyés dans d'autres centres de rétention comme ceux de Rennes ou de Bordeaux.
A Bayonne, des préfabriqués ont été installés devant le palais de justice pour accueillir d'éventuels prévenus avant leur comparution immédiate. "Le tribunal dispose de quelques geôles à cet effet, mais en cas d'affluence l'espace serait insuffisant", explique à Libération Samuel Vuelta Simon, procureur de Bayonne. Ce dernier précise à France Bleu Pays basque qu'un dispositif prévoit "l'arrivée d'une dizaine de procureurs, d'une trentaine de fonctionnaires en tout, de greffiers, de juges". Il ajoute : "C'est une activité du parquet et du tribunal qui sera 'H24' pour pouvoir prendre en charge, poursuivre, interroger, mener des enquêtes qui seront nécessaires et éventuellement juger les personnes qui seront auteurs de méfaits au cours de ce sommet."
La permanence pénale des avocats du barreau de Bayonne a également été largement renforcée, comme le rapporte France Bleu Pays basque. Si elle fonctionne habituellement avec un roulement de huit avocats chaque semaine, pour le G7, ils sont 70 à assurer cette mission. Teddy Vermote explique que ces 70 avocats ont reçu une formation de 20 heures afin d'être à jour sur la loi du 10 avril 2019 qui renforce le maintien de l'ordre.
Des mesures sécuritaires dans tout le Pays basque
Au-delà de Biarritz, c'est tout le Pays basque qui est mis sous bulle sécuritaire. A Hendaye, Urrugne, Bayonne, où des rassemblements sont prévus, mais aussi à la frontière espagnole, les forces de l'ordre sont nombreuses. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner l'avait d'ailleurs souligné lors de repérages début juillet : "C'est tout le Pays basque qui doit être sécurisé, et même toute la France."
Selon Le Parisien, une source proche du dossier mentionne qu'une fermeture temporaire de la frontière avec l'Espagne est à l'étude par la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, sans confirmation officielle. Les contrôles aux frontières seront, en tout cas, renforcés. Dimanche 18 août, plusieurs policiers français et espagnols étaient positionnés pour des barrages filtrants afin d'empêcher la venue de groupes violents.
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