Témoignages "Yeux bandés, coups de fouet, électrocution..." : en Syrie, des prisonniers de Saydnaya racontent leur calvaire

Avec la fin du régime de Bachar al-Assad, les Syriens continuent de découvrir ses atrocités, notamment celles vécues par les prisonniers des geôles du pays.
Article rédigé par Aurélien Colly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une cellule de la prison de Saydnaya à Damas, où les détenus s'entassaient par dizaine avant la chute du régime de Bachar al-Assad, le 8 décembre 2024. (AURELIEN COLLY / RADIO FRANCE)

La transition se poursuit en Syrie. Après la fuite du dictateur, les rebelles ont annoncé, mardi 10 décembre, la nomination d'un Premier ministre. Mohammed al-Bachir a promis le calme et la stabilité à la population. 

Avec la chute du régime de Bachar al-Assad, la vie reprend doucement son cours, mais la priorité pour de nombreux Syriens reste de retrouver des proches disparus, victime de la répression sanglante du despote. À l'hôpital Ibn al-Nafis, au nord de Damas, franceinfo a rencontré Khaled, un prisonnier de Saydnaya, 48 heures après sa libération.

"Comment je suis arrivé là ?"

Allongé sur un brancard, Khaled souffre le martyre. Visage gonflé, œil tuméfié, arcade ouverte, ce conscrit de l'armée syrienne avait déserté avant d'être retrouvé par les sbires du régime al-Assad. "Ça s'est passé à 5 heures du matin, j'allais chercher ma voiture. Ce qu'on m'a fait, comment je suis arrivé là ? Je ne me souviens pas", lâche l'homme qui peut à peine bouger.

Khaled, un détenu rescapé de la prison de Saydnaya, à l'hôpital à Damas, le 10 décembre 2024. (AURELIEN COLLY / RADIO FRANCE)

Il a des fractures à la colonne vertébrale, une fracture du crâne. On veut lui faire des radios, détaille le médecin qui l'a pris en charge, avant que Khaled ne soit questionné par ceux qui cherchent des proches en donnant des noms, en montrant des photos. "Je suis blessé, je ne vais pas bien. Arrêtez, s'il vous plaît ! Je ne me souviens de rien", insiste l'ancien prisonnier, alors qu'à l'extérieur de l'hôpital, une cousine est venue d'Alep pour s'occuper de lui. "Ils l'ont sorti de Saydnaya, mais je n'ai pas trouvé mes deux frères de 14 et 17 ans qui ont disparu il y a dix ans", explique-t-elle.

"À l'intérieur, c'est pire que tout ce que tu peux imaginer"

Un peu plus loin un homme passé par la même prison pour un délit mineur résume : "Tu rentres avec les yeux bandés, tu sors les yeux bandés... À l'intérieur, c'est pire que tout ce que tu peux imaginer. Coups de fouets, électrocution. Tu pouvais terminer empalé avec ce régime criminel."

Désormais, ce sont les rebelles qui contrôlent le pays. Et c'est une faction venue de la ville de Hama qui surveille l'hôpital. "Certains prisonniers arrivent en ayant complètement perdu la mémoire, explique leur chef. D'autres sont morts. Si on a de la place, on les garde pour que les gens puissent venir les identifier."

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