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En Israël aussi, le compte à rebours a commencé

Comment réagit-on en Israël à l’annonce d’une éventuelle attaque occidentale contre la Syrie? La réponse du correspondant de France 2, Charles Enderlin.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Chars israéliens sur les hauteurs du Golan, au-dessus d'un village syrien (12-1-2012). (Reuters - Avihu Shapira)

Comment calmer le public tout en préparant le pays à l’éventualité d’une guerre? C’est le problème que tentent de résoudre les dirigeants israéliens. Pour cela, ils font d’abord appel à la communication.

Des responsables militaires et des commentateurs autorisés répètent que la probabilité d’une attaque de missiles syriens sur Israël en représailles aux frappes américaines est faible. Pourquoi ? Et bien, Bashar Assad sait que la riposte israélienne mettra en danger son régime. «Le président syrien, expliquent-ils, est rationnel et évitera d’affronter la puissance de Tsahal»
 
D’autres experts, indépendants ceux là, ont une opinion différente. Tout dépendra de l’intensité de l’opération américaine. Quelques missiles, quelques bombes, sur des sites syriens symboliques comme le palais présidentiel à Damas ou des QG d’unités militaires, de toute manière, déjà désertés par leurs occupants, et Assad ne cherchera pas à élargir le conflit. Mais, s’il a l’impression que les forces stratégiques qui lui permettent de rester au pouvoir sont détruites, il pourrait donner l’ordre d’attaquer Israël. Cette probabilité est, selon ces sources, plus importantes. Pour eux, il n’est pas certain qu’Assad réagisse rationnellement.
 

Les Israéliens se ruent dans les centres de distribution de kits ABC pour tenter d’être servis sur le stock existant, comme ici à Tel Aviv le 29-8-2013. Le gouvernement n’a pas débloqué les budgets nécessaires pour produire suffisamment de masques à gaz. (Charles Enderlin)

C’est le scénario qui pousse l’armée à déployer des batteries anti-missiles dans le nord et dans le centre d’Israël. «Iron Dome» pour intercepter les roquettes à courtes portées, «Patriot» et «Arrow» pour les missiles à moyenne portée. Alors, voyant cela, et après la diffusion des images de l’attaque chimique à Damas, les Israéliens se ruent dans les centres de distribution de kits ABC pour tenter d’être servis sur le stock existant. Car le gouvernement n’a pas débloqué les budgets nécessaires pour produire suffisamment de masques à gaz et 40 % de la population n’est pas équipée. Certains spécialistes militaires commencent donc à diffuser des conseils qui se veulent rassurants : «En cas d’attaque par un missile chimique, il y a d’autres moyens de défense que le masque à gaz. Restez dans une pièce étanche ! etc…»
 
En d’autres termes, c’est la première fois depuis 1991, que la population d’Israël n’est pas prête à affronter une telle menace.  A l’époque de la première guerre du Golfe où Saddam Hussein avait fait tirer des dizaines de Scuds, puis, en mars 2003, où on craignait une attaque d’un ou deux Scuds, la quasi-totalité des Israéliens avait des masques à gaz… En l’occurrence, la Syrie disposerait de milliers de missiles pouvant être lancés sur Israël. Dans ces conditions, il vaudrait mieux que la guerre n’ait pas lieu et les dirigeants israéliens, politiques et militaires, ne disent pas tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Pourvu que les frappes américaines soient limitées et ne poussent pas Assad dans ses derniers retranchements. Et si un accord était conclu à la dernière minute ?
 
En attendant, les préparatifs militaires montent lentement en puissance. Une première mobilisation de réservistes a lieu. Quelques centaines, selon les médias, surtout dans les unités de défense aérienne, les renseignements et la défense passive. Il y en aurait d’autres dont on ne parle pas. 

La une du quotidien israélien Yediot Aharonot le 29-8-2013: «A partir de cette nuit. A tout instant». (DR)

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