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"Nous avons fui avec nos vaches, nos moutons et nos enfants" : en Syrie, des civils fuient en masse les combats

Depuis le lancement de l'opération "Source de paix" par la Turquie dans le Nord-Est de la Syrie, des dizaines de milliers de civils ont du fuir les combats et trouver refuge dans des camps de déplacés. 

Article rédigé par franceinfo - Noé Pignède, RFI
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Photo d'illustration représentant le camp de déplacés d'Ain Issa au Nord de la Syrie. (CHRIS HUBY / LE PICTORIUM / MAXPPP)

À une cinquantaine de kilomètres de la ligne de front on trouve un camp de fortune au milieu d’un champ boueux où sont plantées des centaines de tentes blanches qui abritent des familles de déplacés. 4 700 personnes vivent ici depuis deux mois, sans eau courante ni électricité. Aïsh Asulta, par exemple, a du fuir son village sous les bombardements de l’aviation turque. "Tout le monde est parti. Nous avons fui sous les balles et les bombes, avec nos vaches, nos moutons et nos enfants. Et maintenant, nous ne pouvons plus rentrer. On nous a dit que les milices de la Turquie nous avaient volé notre maison et tout ce que nous avions", racontre Aïsh.

Les civils impactés par l'offensive turque

Selon le président turc, Recep Tayiip Erdogan, cette offensive visait à chasser les forces kurdes qu’il considère comme terroristes, mais les civils arabes qui peuplaient la zone ont bien dû fuir leurs maisons"Cette opération était aussi contre nous qui sommes Arabes, car beaucoup d’entre nous vivent et travaillent avec les Kurdes", explique Aïsh, "donc nous étions aussi menacés", ajoute-t-elle.

Tous les Arabes de mon village ont eu peur. Tout le monde est parti.

Aïsh Asulta

Dans sa tente, un vieil homme invite à boire le thé. Son village est lui aussi occupé par la Turquie, mais il est parvenu à y retourner à plusieurs reprises à l’aide de passeurs. Il refuse de donner son nom par peur de représailles. "Si je vous dis comment je m’appelle, ils me couperont la tête", assure-t-il. "Malgré l’occupation des milices turques, je suis retourné plusieurs fois dans ma maison, en secret. Mais il n’y a plus rien. Ils ont volé toutes mes affaires, ma moto, mon argent. Il ne reste que les murs", raconte ce vieillard. "Ces gens sont juste venus pour nous piller. Ce ne sont que des voleurs", assène-t-il.

Selon les autorités kurdes, l’offensive turque sur le Nord-Est syrien il y a deux mois a provoqué près de 200 000 déplacés, des civils kurdes, arabes, et chrétiens qui ont fui les combats, et qui refusent désormais de retourner vivre dans une région, où Ankara fait la loi.

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