Rétention de sûreté pour les prisonniers radicalisés : "La question se pose pour les plus dangereux", estime l'ex-procureur François Molins

François Molins fait appel à "la responsabilité des politiques". Il prône notamment le recrutement de "davantage d'imams qui soient aumôniers dans les prisons". Il assure qu'il y a des cas de "désengagement" en prison, des gens qui "ont pris du recul, ont compris qu'ils avaient mal agi".
Article rédigé par franceinfo
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François Molins, ancien procureur de la République de Paris, le 7 janvier 2025 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"La question de la rétention de sûreté à l'égard des gens [radicalisés] les plus dangereux se pose", affirme mardi 7 janvier sur franceinfo François Molins, ancien procureur de la République de Paris et visage de l'antiterrorisme pendant la vague d'attentats en 2015. Mais "il ne faut pas tomber dans la généralisation", prévient François Molins, sur franceinfo en réaction aux déclarations du ministre de l'Intérieur.

Bruno Retailleau a expliqué dans Le Parisien lundi vouloir des "mesures de sûreté judiciaires fermes dans des centres de rétention", comme pour les pédocriminels. Selon le ministre, "83" personnes radicalisées sont sorties de prison en 2024 et "plus de 60" seront dehors en 2025. Bruno Retailleau estime que la déradicalisation de ces "profils dangereux" est "une vue de l'esprit". "Il faut trouver des instruments qui soient adaptés aux cas les plus dangereux", estime l'ancien procureur de Paris. Les peines de rétention de sûreté sont "des peines extrêmement graves, extrêmement lourdes", rappelle-t-il, "il faut qu'elles soient proportionnées à la dangerosité". François Molins fait appel à "la responsabilité des politiques".

La déradicalisation en prison "peut marcher", selon l'ancien magistrat

L'ancien procureur qui a supervisé toutes les enquêtes des attentats de 2015 (Charlie Hebdo, Montrouge, Hypercacher, 13-Novembre) estime par ailleurs que "la déradicalisation" en prison "peut marcher". Selon son expérience et ses échanges avec des imams, le travail de déradicalisation est "effectivement aléatoire, mais on a des cas de désengagement". " Des gens qui, aujourd'hui, ont un regard différent, ont pris du recul, ont compris qu'ils avaient mal agi", explique François Molins qui reconnaît que cela "ne peut pas être la majorité".

Ce travail de "déconstruction sur le plan religieux" nécessite aussi une volonté politique, selon François Molins. L'ancien procureur appelle à recruter "davantage d'imams qui soient aumôniers dans les prisons".

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