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Tourisme à hauts risques en Afghanistan : des Occidentaux adeptes

Plusieurs Européens et Américains adeptes du tourisme à hauts risques ont été blessés jeudi par un tir de roquette visant leur convoi dans l’ouest de l’Afghanistan. Le pays est enfoncé dans la guerre depuis plus de 40 ans et en proie à de violentes attaques terroristes. Mais cela n’empêche pas des voyageurs de venir parcourir le pays.
Article rédigé par Mélanie Kominek
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (La Mosquée Bleue à Mazar-e-Sharif, dans le nord de l'Afghanistan © Fabrizio Bensch)

Plusieurs agences se sont même spécialisées dans ce tourisme risqué et proposent des séjours à travers le pays, vantant la beauté des paysages et les richesses archéologiques de ces circuits. Des vacances dangereuses que choisissent  quelques touristes intrépides chaque année.

20.000 touristes par an 

Dans les rues de Kaboul, aucun touriste en vue. Et pourtant, selon le ministère de la culture, ils seraient plus de 20.000 à braver chaque année les frontières de l’Afghanistan pour s’offrir un petit morceau d’Histoire, mais surtout un grand moment de frisson. L’Afghanistan, pays mythique et fascinant, raconté par Marco Polo et sillonné par les nombreux marchands et voyageurs de la route de la soie. Plus récemment encore, dans les années 60 et 70, de nombreux hippies en quête d’idéal sillonnent l’Afghanistan pour se rendre en Inde. Mais la guerre civile débutée dans les années 80 change profondément le visage du pays. Aujourd’hui, l’Afghanistan reste l’un des pays les plus pauvres du monde, enlisé dans une guerre civile sans fin dont la culture semble éteinte, comme endormie. Un peu à l’image de ses bouddhas, témoins d’une époque révolue et dont les sourires mystérieux ont été pillés aux quatre coins du pays.

Tourisme sportif 

Certains restent néanmoins toujours visibles au musée de Kaboul ou dans la région de Bamyan, tristement célèbre pour avoir vu ces bouddhas géants millénaires dynamités par les talibans en 2001. Mais Bamyan reste encore la capitale culturelle du pays et mise également sur le tourisme sportif. Ce matin de mars, sur les pistes de l’Hindu Kush à 180km à l’est de Kaboul, certains skieurs de contrées lointaines participent à la compétition la plus improbable du pays, l’Afghan Ski Challenge. Elle réunit chaque année des skieurs locaux et quelques intrépides. Lisa arrivée tout droit de New-York  ne semble pas du tout effrayée d’être là : “C’est dommage que la situation soit ce qu’elle est, j’espère que les gens auront moins peur de venir ici car il y a des régions sûres, comme ici. Et il faut juste bien réfléchir à où on se rend, et c’est franchement partout pareil. Je viens de NY et il y a des endroits où je ne mettrais jamais les pieds. Il suffit de réfléchir

“C’est dommage que la situation soit ce qu’elle est, j’espère que les gens auront moins peur de venir ici car il y a des régions sûres, comme ici." Lisa, touriste. Le reportage de Mélanie Kominek

Des agences de voyages spécialisées

Si Lisa a pu s’offrir ce petit morceau d’Afghanistan, c’est bien grâce à une agence anglaise spécialisée dans le tourisme en zone de guerre. Fondée en 2008, cette compagnie offre des voyages impossibles à la carte. Rien ne semble leur faire peur : skier en Afghanistan, se baigner en Somalie ou encore explorer des sites archéologiques en Irak. James Willcox, fondateur de Untamed border, a plus récemment encore emmené un groupe d’intrépides faire du kayak dans la région du Panshir. Il nous explique ce qui motive sa clientèle à voyager en zones de guerre :

“Les motivations de ces voyageurs sont presque les mêmes que celles de gens qui voyagent partout ailleurs. Certains s’intéressent à la culture, d’autres veulent une expérience authentique. La situation géopolitique et militaire rentre aussi en considération mais ce n’est pas toujours la motivation première”. James Willcox

3000 euros pour deux semaines en Afghanistan 

Des motivations certes différentes pour tous mais qui ont un coût. Il faudra débourser 3000 euros pour deux semaines de sensations fortes, sans les billets d’avion. Rappelons également que les assurances ne couvrent pas en général les voyages dans des zones de conflits. Il faudra alors partir à ses risques et périls. Selon le ministère de la culture, le tourisme a légèrement décliné néanmoins ces dernières années alors que le terrorisme lui, continue d’augmenter. Mais l’Afghanistan ne semble jamais vaincu. Le vélo était à l’honneur en octobre dernier avec le Tour de Bamyân et sa boucle de 30km et le pays se prépare déjà à l’autre grand évènement sportif de l’année : le marathon de Bamyân prévu à l’automne prochain.

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